L’universitaire et économiste, Abdel- Rahmen Lahga, a souligné, mercredi 2 octobre, que “la Tunisie devra abandonner, à long terme, la subvention énergétique, d’autant plus que les subventions sont généralement inéquitables”.
«Dans le système actuel de compensation, 20% de la population tunisienne la plus pauvre bénéficie en moyenne d’une subvention de l’ordre de 60 dinars par personne par an, alors 20% de la catégorie la plus riche bénéficie d’une subvention annuelle de 140 D, par personne», a-t-il indiqué.
Présentant une conférence sur “l’état des lieux et les pistes de réformes des subventions énergétiques en Tunisie”, M. Lahga a fait savoir que le total des subventions (énergétiques et de produits de base) représentent 5,2% du PIB, elles sont par conséquent, supérieures aux dépenses consacrées par l’Etat à l’éducation (4,8% du PIB), à l’enseignement supérieur (1,8%) ou encore à la santé publique (1,8%).
«La subvention énergétique accapare à elle seule, environ 3/4 du total des subventions », a-t-il encore révélé, affirmant que les subventions dédiées à l’énergie s’élèvent à 3300 millions de dinars (MDT), alors que celles, destinées aux produits de base, sont de l’ordre de 1100 MDT.
Dès lors, il a souligné l’impératif d’opter pour une réforme de la subvention énergétique, et ce, en adoptant une approche par produit qui permettra d’analyser le coût de la subvention sur les dépenses de l’Etat, pour chaque produit et l’effet d’une éventuelle suppression de cette compensation sur le pouvoir d’achat du citoyen.
Citant l’exemple de l’essence, il a jugé que «le gouvernement peut dès demain supprimer cette subvention car elle ne représente que 0,02% du pouvoir d’achat des personnes pauvres, 0,14% de celui de la classe moyenne et 0,58% de la classe riche. Et encore, ce produit n’aura pas de réel effet sur le coût de la production des sociétés industrielles».
En revanche, “une éventuelle suppression de la subvention du GPL pourra influer sur le pouvoir d’achat du citoyen à faible revenu (5% du pouvoir d’achat)”.
Finalement, M. Lahga a souligné que la réussite d’une réforme dans le domaine de la subvention énergétique, dépendra du rétablissement du climat de confiance entre le gouvernement et les agents économiques. Cette réforme doit être conçue dans le cadre d’une réforme économique et financière globale, et d’une stratégie énergétique adéquate.
Cette rencontre a été organisée par l’Association tunisienne des économistes, dans le cadre d’une série de rencontres-débats qui se tiendront également les 3 et 4 octobre sur la “politique austérité” et “l’économie informelle”.