Drogue : le “capitaine” de Silk Road voulait libérer le monde des “contraintes”

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[03/10/2013 20:04:18] Washington (AFP) Le “capitaine” du site clandestin Silk Road, présenté comme “l’eBay de la drogue” et fermé cette semaine par le FBI, voulait libérer le monde des “contraintes” du gouvernement qui “essaie de contrôler presque chaque aspect de nos vies”.

Ross Ulbricht, 29 ans, qui a comparu jeudi devant un tribunal de San Francisco (Californie, ouest), où il avait été interpellé la veille, considérait son site de marché noir comme une version “anonyme” du distributeur en ligne Amazon, permettant d’acheter toutes sortes de stupéfiants et autres produits illicites en ligne, en échange de monnaie virtuelle.

Silk Road, que les autorités américaines ont comparé à un “vaste bazar de la drogue”, a été fermé, et les internautes ne trouvaient plus qu’une pancarte des autorités, annonçant: “Ce site caché a été saisi par le FBI”.

D’après les documents judiciaires, ses profils en ligne et une interview accordée en décembre au magazine Forbes, le propriétaire du site était doté d’un haut niveau d’éducation et cherchait à utiliser Silk Road comme un vecteur de changement.

“Au fond, Silk Road est une manière de contourner les règles de l’Etat”, avait déclaré M. Ulbricht, en août à Forbes. “S’ils disent qu’on ne peut pas acheter ni vendre certaines choses, nous le ferons de toute façon et nous ne serons pas punis par eux. Mais l’Etat essaie de contrôler presque chaque aspect de nos vies, pas seulement l’usage de la drogue. Quel que soit le lieu, il y a un moyen de vivre ta vie comme tu l’entends malgré leurs efforts”, avait-il précisé, identifié à l’époque par son surnom de Pirate.

Diplômé en physique

En deux ans et demi, le site clandestin aurait généré des ventes de 1,2 milliard de dollars en monnaie virtuelle bitcoin, pour un montant total de commission de 80 millions.

Le gouvernement a saisi l’équivalent de 3,6 millions de dollars en monnaie virtuelle bitcoin, “la plus grosse saisie de bitcoins jamais effectuée”.

Ross Ulbricht est soupçonné d’un “massif blanchiment d’argent” et doit aussi être inculpé de complot de violations des lois sur les stupéfiants et de piratage informatique.

Son profil LinkedIn le présente comme le PDG d’une librairie en ligne “Good Wagon Books”, diplômé en physique de l’Université du Texas (sud), et ayant suivi des études à la Pennsylvania State University (est).

“Je veux utiliser les théories de l’économie pour abolir l’usage de la contrainte et de l’agression au sein de l’humanité”, écrivait-il sur Linkedln.

“Tout comme l’esclavage a été aboli presque partout, je pense que la violence, la contrainte et toute forme de force exercée par une personne sur une autre peut prendre fin (…) Je suis en train de créer une simulation économique pour proposer aux gens une expérience de ce que ce pourrait être de vivre dans un monde sans l’usage systématique de la force”.

Selon l’agent du FBI Christopher Tarbell, il admirait les thèses de l’Ecole autrichienne de pensée économique libertaire qui servait de “fondations philosophiques” à Silk Road.

Selon la plainte, Ulbricht aurait fait la promotion de son site début 2011, sous le nom d’écran “altoid” sur des forums en ligne, évoquant la possibilité de vendre de l’héroïne sur internet en échange de bitcoins.

“Quel filon formidable!”, est-il soupçonné d’avoir écrit, “quelqu’un a-t-il déjà vu Silk Road? c’est comme un Amazon.com anonyme. Je ne pense pas qu’ils aient d’héroïne mais ils vendent d’autres cames”.

L’agent Tarbell précise dans le document que le nom d’écran “altoid” avait permis à la police de remonter jusqu’à des comptes contrôlés par Ulbricht.

Dans son interview à Forbes, Ulbricht précise qu’il n’était pas le fondateur de Silk Road, mais qu’il l’avait repris après avoir sécurisé le site.