à Paris (Photo : Fred Dufour) |
[04/10/2013 04:36:18] Paris (AFP) Direction et représentants du personnel d’Air France entament vendredi l’examen détaillé des 2.800 nouvelles suppressions de postes prévues dans le cadre de Transform 2015, vaste plan destiné à redresser le groupe franco-néerlandais Air France-KLM.
Ils doivent examiner, lors d’un comité central d’entreprise, la répartition de ces nouvelles coupes entre les personnels (sol, pilotes, hôtesses et stewards) et les modalités de départs des salariés concernés (départs volontaires, départs naturels, temps partiels, congés sans solde).
Le sureffectif concerne environ 350 pilotes, 700 hôtesses et stewards et 1.700 à 1.800 personnels au sol, selon les éléments contenus dans un document confidentiel, dont l’AFP a eu connaissance. La réorganisation affectera fortement les trois bases de province, en raison du caractère saisonnier de l’activité, avec 188 suppressions de postes prévues à Marseille, 104 à Nice et 90 à Toulouse.
“Il est donc nécessaire d’ajuster notre offre entre été et hiver pour limiter nos pertes sur les mois difficiles et d’adapter nos modes de fonctionnement et d’organisation pour prendre en compte cette saisonnalité”, indique la direction dans son document.
“Les bases sont mortes pour les salariés d’Air France”, a estimé pour sa part le représentant CGT Didier Fauverte au vu des chiffres. “On ne peut plus fonctionner”.
Pour le représentant CFDT Michel Salomon, “ce plan de départs volontaires (PDV) est un peu trop gros et ça doit être le dernier parce qu’on a atteint la limite de viabilité”. “On a déjà fait remonter à la direction des escales France notre désaccord sur le chiffrage d’un certain nombre de sites eu égard aux stratégies mises en place”, a-t-il indiqué, précisant que ces chiffres vont être “retravaillés”.
Pour le SPAF, deuxième syndicat majoritaire chez les pilotes d’Air France, le management “vieillissant” de l’entreprise est à l’origine du “marasme”. “L’absence de dialogue, le non-respect des accords, la violation manifeste de la convention collectif sur les carrières (…) rendent le contexte social avec les pilotes de plus en plus tendu et l’issue vers le conflit inévitable”, indique-t-il dans un communiqué.
“Un contexte de stagnation voire de récession”
Dans son document, la direction souligne le “contexte économique de stagnation voire de récession sur la France et une partie des pays européens” qui pèse durablement sur la demande.
La concurrence du TGV et des compagnies à bas coûts continue, en outre, de se renforcer avec la perspective du développement du TGV sur la Bretagne et le sud-ouest, indique-t-elle. Dans le même temps, les compagnies low cost, à l’instar d’EasyJet, ne séduisent plus seulement la clientèle loisirs mais aussi, de plus en plus, la clientèle affaires, selon elle.
La direction de la compagnie rappelle l’un des objectifs majeurs de Transform, la réduction des coûts “pilotables” (que le groupe peut maîtriser) de 20% par rapport à 2011 sur trois ans. A fin 2013, le plan aura permis la réalisation de 74% de cet objectif sur les vols long-courrier et moyen-courrier à Charles de Gaulle. “Il convient de sécuriser les 26% restants et de trouver des actions qui permettent de poursuivre la baisse des coûts au-delà de fin 2014”, selon les estimations de la direction.
Outre le plan de départs volontaires, la réduction de l’offre de ses bases et des vols au départ d’Orly au profit de sa filiale loisirs Transavia, l’une des pistes pour parvenir à renouer avec la rentabilité est d’optimiser les emplois du temps des personnels. Les ressources humaines devront ainsi mieux s’adapter aux périodes de pointe dans la journée, dans la semaine ou selon les saisons, selon le document.
Cette réorganisation intervient dans le cadre du plan Transform 2015, lancé en janvier 2012, destiné à gagner deux milliards d’euros d’économies en trois ans dans le groupe Air France-KLM et à ramener la dette à 4,5 milliards fin 2014 contre 6,5 milliards en janvier 2012. Au printemps, la direction a décidé de l’amplifier en raison de la persistance des difficultés financières sur le court et le moyen-courrier chez Air France, ainsi que dans l’activité cargo pour l’ensemble du groupe.
Grâce à cette restructuration, Air France-KLM, 4e mondial en chiffre d’affaires, a divisé par cinq sa perte nette, à moins 163 millions d’euros d’avril à juin.