En mal de nouvelles entreprises, la Défense cherche à rebondir

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éfense, depuis la tour Saint-Jacques, à Paris le 8 août 2013 (Photo : Miguel Medina)

[04/10/2013 10:09:16] Paris (AFP) Handicapé par les rivalités entre les organismes chargés de son développement, la Défense, quartier d’affaires aux portes de Paris, peine à attirer de nouvelles grandes entreprises et les efforts du gouvernement pour apaiser les tensions pourraient s’avérer vaines.

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établissement qui aménage La Défense Seine Arche (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

Après plus d’un an d’hésitations, la ministre du Logement, Cécile Duflot, a nommé mardi un nouveau directeur général, Hugues Parant, à la tête de l’Epadesa, l’établissement qui aménage La Défense Seine Arche.

Parallèlement, le gouvernement tente de clarifier les compétences entre cet organisme géré par l’Etat et Defacto, piloté par les collectivités locales et chargé de l’entretien du quartier.

Le Sénat a ainsi examiné cette semaine le projet de loi initié par la ministre de la Réforme de l’Etat, Marylise Lebranchu, traitant notamment de cette question. La Haute Assemblée n’a pas remis en cause les propositions gouvernementales: l’Epadesa est reconnu propriétaire unique de l’ensemble des infrastructures et équipements publics, tandis qu’à Defacto revient la charge de leur entretien.

L’Epadesa s’est toutefois engagé à rénover les tunnels, les parkings et certaines zones au pied de nouvelles tours, prévoyant une enveloppe de près de 350 millions d’euros.

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à Matignon, le 27 août 2013 (Photo : Bertrand Guay)

“La question n’est pas là. Les dépenses iront bien au-delà sur le long terme”, souligne le sénateur UMP des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi.

L’Etat compte garder la main sur ce quartier stratégique, “mais il n’assume pas la charge financière des biens publics qu’il s’est octroyé”, déplore-t-il.

La situation est en outre envenimée par des querelles politiques à droite entre des proches de l’ex-président Nicolas Sarkozy et ses rivaux dans le département.

Infrastructures vieillissantes

“Je ne suis pas sûr que ce texte permette d’enterrer la hache de guerre entre l’Epadesa, chasse gardée des sarkozystes, et Defacto”, sous la houlette du président du conseil général Patrick Devedjian, relève une source proche du dossier. “Ce conflit provoque de grands retards pour les rénovations urgentes du quartier”, ajoute-t-elle.

La dalle, qui a plus de 50 ans, les sous-sols, les parkings et tunnels de La Défense sont en mauvais état et le coût des travaux s’avère très élevé. Or, Defacto n’a pas les ressources suffisantes pour y faire face.

Puteaux et Courbevoie perçoivent plusieurs dizaines de millions d’euros par an de recettes fiscales, mais ne reversent que 14 millions à Defacto, dont le financement dépend pourtant en grande partie de ces deux communes et du conseil général des Hauts-de-Seine.

Les infrastructures vieillissantes et le réseau de transports (ligne 1 du métro, RER A) saturé n’incitent pas les grands groupes internationaux à investir le quartier d’autant que la conjoncture économique reste difficile.

La foncière Icade a totalement rénové une tour, Eqho, livrée à l’été 2013. “Il y a un an, on cherchait un locataire unique. Faute d’en avoir trouvé, on essaye d’attirer plusieurs sociétés”, explique son PDG Serge Grzybowski. “La Défense est toujours le premier marché à être touché en cas de crise, c’est aussi généralement le premier à rebondir. Mais le rebond n’est pas encore là”, constate-t-il.

Certains grands noms sont partis, ou sont en passe de le faire, vers d’autres banlieues où les loyers sont moins chers: une filiale de Crédit agricole s’installe à Montrouge et les 3.000 salariés de SFR quittent la tour Sequoïa pour Saint-Denis.

Du côté de l’Epadesa, on se veut rassurant. “On a vu apparaître au moins une quinzaine de nouveaux investisseurs: des fonds américains, canadiens ou asiatiques. Pour les locataires, si certains partent de nouveaux occupants arrivent”, assure Stéphane de Faÿ, directeur général adjoint de l’établissement. L’assureur Euler Hermes a ainsi quitté Paris pour occuper une partie de la tour First.

Au total, près de 600.000 m2 de bureaux sont sortis de terre entre 2008 et 2013 et 750.000 m2 devraient être construits ou rénovés dans le quartier ces prochaines années.

“Toute la question est de savoir si face à cette offre considérable, la demande sera là”, conclut Sophie Desmazières chez BureauxLocaux.com.