Marchés : la confiance s’étiole face à la crise américaine

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à la Bourse de New York, le 3 octobre 2013 (Photo : Spencer Platt)

[04/10/2013 10:53:13] Paris (AFP) Le flegme initialement observé par les marchés financiers mondiaux face au blocage budgétaire aux États-Unis cède progressivement le pas à la crainte de voir le conflit durer et réellement dégénérer.

La crise est entrée dans son quatrième jour vendredi, et si personne n’ose croire au pire scénario d’une faillite de l?État américain, les nuits de négociations infructueuses qui se succèdent à Washington rendent les places financières de plus en plus nerveuses.

Lundi et mardi, les marchés de New York à Tokyo ont tourné le dos au problème de la paralysie de l’Etat fédéral, misant sur une issue rapide, les Bourses européennes étant par ailleurs rassurées par l’extinction d’un autre feu en Italie. Mais à partir de mercredi, la crainte a commencé à infuser et les places boursières mondiales ont majoritairement enregistré des reculs.

Un climat alourdi jeudi par le Trésor américain qui a décrit de son côté un scénario apocalyptique au Congrès pour qu’il relève dans les temps le plafond de la dette des États-Unis, soit avant la date-limite du 17 octobre, brandissant le spectre d’une récession pire que celle de 2008 en cas d’un défaut de paiement.

“Plus on va se rapprocher de la date fatidique du 17 octobre et plus la tension va être vive”, souligne Renaud Murail, un gérant de Barclays Bourse.

Les marchés doivent se positionner au milieu d’un “jeu de petites phrases qui va devenir de plus en plus intense”, sachant que “Barack Obama a tout intérêt à ce que Wall Street baisse pour rajouter une tension supplémentaire sur les Républicains”, poursuit-il.

“Est-ce que le bon sens commence à prévaloir?”

Pourtant, “il y a un consensus qui consiste à dire qu’au-delà du jeu politique dangereux” et malgré “le sentiment que les Républicains se laissent dépasser par les événements au niveau des membres les plus extrêmes du parti”, “on va trouver un accord”, explique M. Murail.

“Cela semble tellement gros d’avoir réalisé toutes ces injections de liquidités via la Réserve fédérale américaine (Fed) depuis des mois pour en arriver à un clash qui va remettre en cause la croissance américaine et l’économie mondiale”, ajoute-t-il.

“Est-ce que le bon sens commence à prévaloir aux États-Unis? Pas encore, mais il y a des signes qui montrent que Washington va chercher à éviter le pire scénario”, estime également Chris Weston, un analyste d’IG qui note, cependant, qu'”il est désormais visible que les banques américaines commencent à charger les distributeurs de billets automatiques en argent liquide en préparation du pire scénario”.

“Le consensus est largement en faveur d’une résolution” sur le marché de la dette, affirme également Frédérik Ducrozet, un économiste du Crédit Agricole CIB.

Il estime que “la réaction du marché est surtout marquée par l’attentisme”, avec une “aversion pour le risque” qui joue en faveur des dettes à long terme des pays considérés comme les plus solides, à l’instar de l’Allemagne, mais également des États-Unis.

Car les investisseurs qui “s’inquiètent de la solvabilité à long terme des États-Unis” sont peu nombreux, même avec cette crise, souligne M. Ducrozet.

Sur le marché obligataire, les séances ont en effet été relativement calmes depuis le début de la semaine et vendredi, les taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne, de la France et des États-Unis restaient plutôt stables.

La seule tension perceptible se manifestait sur les échéances les plus courtes aux États-Unis, notamment à quatre semaines où le taux est passé de -0,02% à 0,11% vendredi matin.

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à Tokyo, le 2 octobre 2013 (Photo : Kazuhiro Nogi)

Du côté des changes, l’euro s’appréciait nettement face au dollar vendredi, la devise européenne suscitant un plus vif intérêt dans un marché inquiet également de la paralysie.

Au final, vendredi matin, c’est surtout la non publication d’un des indicateurs les plus scrutés, à savoir le rapport mensuel sur l’emploi américain en septembre, qui posait un problème aux analystes.

“Le plus pénalisant c’est de ne pas avoir de chiffres avec des conséquences possibles en terme de politique monétaire”, selon M. Ducrozet, dans la mesure où la Fed n’aura peut-être “pas assez d’informations pour prendre à temps ses décisions”.