Cuba : les boutiques de mode importée prêtes à la résistance

467a478754d3932d33f0064e628b91565e4c1a83.jpg
êtements importés à La Havane, le 4 octobre 2013 (Photo : Yamil Lage)

[04/10/2013 21:42:30] La Havane (AFP) “On ne fermera pas !”, assure Naida Martinez dans sa boutique de mode de La Havane, en défi au gouvernement cubain qui a choisi d?interdire la vente des marchandises importées, un des petits métiers qui font florès depuis plusieurs mois à Cuba.

“On n’est pas d’accord. On vend nos vêtements depuis trois ans, sans problème, en accord avec la loi, et maintenant ils nous disent que c’est terminé ?”, s’enflamme Naida, une actrice de 32 ans en veillant sur ses clients, rue Galiano, une des artères commerçantes du centre de La Havane.

Naida est une des plus de 430.000 travailleurs indépendants, les cuentapropistas, qui exercent un des 200 petits métiers ouverts aux Cubains depuis trois ans.

Le problème est qu’elle a pris une licence de tailleur ou modiste, mais vend des vêtements importés, généralement d’Amérique centrale, par des “fourmis” qui profitent de la nouvelle loi sur les voyages pour faire des allers-retours à l’étranger.

L’activité était tolérée, mais un débat s’est engagé il y quelques mois au sein du tout-puissant Parti communiste de Cuba. Les partisans de l’interdiction d’une activité qui répond à une forte demande de la population, grâce à son meilleur rapport qualité/prix, l’ont emporté.

b9146cbb6a6c5f0c9ad45e109c6f7f4993a4ab0b.jpg
êtements importés à La Havane, le 4 octobre 2013 (Photo : Yamil Lage)

Fin septembre, en annonçant la création de 18 nouveaux emplois ouverts au cuentapropismo, les autorités ont mis les points sur les i. “La vente de produits manufacturés ou achetés à l’extérieur par des tailleurs ou des modistes constitue une infraction”, a souligné la vice-ministre du Travail Marta Elena Feito.

“Les particuliers ne payent pas de taxe commerciale et donc la vente de ces marchandises n’est pas autorisée”, a expliqué de son côté un conseiller du même ministère, José Barreiro, à propos de ces mesures qui visent aussi les articles ménagers.

Dans les rues de La Havane, les échoppes, kiosques et magasins concernés sont encore ouverts, ont toutefois constaté vendredi des journalistes de l’AFP.

“Nous attendons qu’ils viennent nous expliquer l’inexplicable, mais nous imposer de fermer ne peut pas être la bonne solution”, affirme Ledibeth Sanchez, 29 ans, qui travaille avec Naida dans un petit kiosque au toit de zinc.

A quelques pâtés de maison de là, Carlos Medina, 44 ans, est moins catégorique. “Personne n’est venu nous voir, mais s’ils nous donnent l’ordre de fermer, on sera obligé de le faire. Personne ne peut aller contre la loi”, regrette cet employé de la boutique “Pasiones de la Moda” (Passions de la Mode) regorgeant de jeans, chemises et robes qui n’ont rien à envier aux vêtements vendus dans les magasins d’Etat qui l’entourent.

29b6f236cc39e183c40015362392d20c4a579369.jpg
êtements importés à La Havane, le 4 octobre 2013 (Photo : Yamil Lage)

“Tout marchait très bien et tout d’un coup ils changent tout”, se lamente-t-il, résumant les sentiments d'”incertitude” et de “préoccupation” exprimés par les employés et les patrons de la boutique.

Ex-dirigeante des Jeunesses communistes, Omara Cambas, 46 ans, exprime la même frustration. “Cette mesure va nous couler, de fait je vais perdre mon travail, espérons qu’au moins ils nous donnent un délai pour écouler la marchandise”, se lamente-t-elle dans sa boutique “Atelier Pasarela”, dans le quartier d’affaires du Vedado.

“Pourquoi interdire une activité qui répond à une réelle demande de la population, alors qu’il suffirait de réglementer les importations des particuliers ?”, demande à ses côtés une cliente : “Tout ça n’encourage pas l’initiative privée”, regrette-t-elle.

Pour alléger un secteur public qui emploie encore quelque cinq millions de personnes sur 11 millions d’habitants, le régime communiste cubain s’efforce de promouvoir le travail indépendant, avec les cuentapropistas et avec la création de quelque 200 coopératives, pour la grand majorité créées à partir d’entreprises d’Etat.