«Les transferts illégaux de devises de la région de Ben Guerdane vers l’extérieur varient, selon les estimations, entre 1 et 3 millions de dinars par jour, soit l’équivalent de 750 MDT par an». C’est ce qu’a révélé, vendredi 4 octobre, le président de l’Association des économistes tunisiens (ASECTU), Mohamed Haddar, qui met en garde contre la gravité et l’ampleur du phénomène du commerce informel en Tunisie.
Intervenant, dans une conférence sur l’économie parallèle, organisée par l’ASECTU, à Tunis, l’économiste a précisé que la région de Ben Guerdane, devenue le centre de l’économie informelle en Tunisie, regroupe 5 principaux banquiers informels (sarrafa) et entre 250 et 300 agents de change. Toutes les devises sont disponibles, et ce marché de change offre des prestations quotidiennes et au comptant.
Se basant sur une enquête de terrain, qu’il a lui même réalisée, l’expert a affirmé que le secteur informel dans la région de Ben Guerdane est géré par une soixantaine de grossistes, dont le capital de chacun est estimé à 300 MDT. Et de préciser que «ces grossistes, dont le trafic touche tout genre de produits, travaillent en étroite collaboration avec 1.200 détaillants et 600 transporteurs».
300 millions de litres d’essence quotidiens…
S’agissant de la contrebande de carburants, M. Haddar a indiqué que plus de 300 millions de litres de carburant sont introduites, quotidiennement, sur le territoire de façon illégale.
Pointant du doigt les impacts négatifs de ce phénomène sur l’économie nationale, il a rappelé que le secteur informel échappe aux règles économiques et sociales et à l’intervention de l’Etat. Il ne donne lieu à aucun prélèvement obligatoire fiscal ou social, nuisant ainsi à la concurrence loyale.
“Cette économie, bien qu’elle soit illégale, est en quelque sorte tolérée par le gouvernement vu qu’elle constitue une source de revenus pour des milliers de familles, d’une part, et que ce phénomène est très difficile à cerner, d’autre part, d’où la nécessité de concevoir une stratégie adéquate permettant de faire passer ce secteur de l’illégalité à la légalité. Il s’agit pour cela, de rassurer les personnes impliquées dans ce genre de commerce et de faciliter leur conversion”, a-t-il souligné.
Il a appelé aussi, à impulser le développement régional dans ces zones, où l’économie informelle s’est propagée, afin de créer de la richesse et de l’emploi additionnel.