On dit souvent qu’il y a les femmes tunisiennes et le reste des femmes du monde arabe. Pourtant, à travers les films tournés spécifiquement par «Ana huna» entre 2012/2013 par des réalisateurs tunisiens, la réalité semble la même!
Des femmes rament, triment, souffrent et subissent encore beaucoup d’attitudes traditionnelles ou traditionalistes. Volontaires, elles sont héroïnes de la vie de tous les jours en se battant pour leurs familles, leur dignité et souvent pour que leurs propres filles échappent à un destin fait d’injustices y compris et surtout face au travail. Le nombre des femmes qui accèdent au marché du travail est le moins important que dans toute autre région du monde.
«Ana huna», qui est une manifestation qui consiste en la projection d’une série de films illustrant la situation réelle des femmes en Tunisie, mais aussi au Maroc, en Jordanie et en Egypte, est une superbe initiative réalisée par la Coopération allemande GIZ au profit des femmes dans la région MENA avec l’aide d’associations locales dont l’active Association Femmes et Leadership. L’opération vise à diffuser la culture de l’égalité Homme/Femme dans le domaine du travail et encourage à mettre en place un débat social autour de la situation de la femme dans le secteur économique.
Y a-t-il la femme tunisienne et le reste des femmes du monde arabe? Pour Nele Wasmuth, la directrice de GIZ en Tunisie, et après une fort sympathique projection qui a eu lieu au Théâtre municipal la semaine écoulée, il ne fait aucun doute que les problèmes des femmes sont les mêmes dans le monde entier: «Il y a une réalité de la femme que l’on retrouve partout en Asie, en Europe, en Allemagne. Les femmes sont sur plusieurs fronts et doivent se battre pour à peu près tout!»
Le cinéma est sans doute le plus beau des outils pour montrer la combativité des femmes, ce qui explique le choix sur cet art. Ravie, toute l’équipe qui a veillé sur l’opération est satisfaite du rendu artistique et de la totalité des films réalisés. Choisi par un comité de sélection composé d’artistes, de cinéastes et d’un représentant de la GIZ, la directrice explique que «nous voulions des jeunes et des réalisateurs confirmés. Ce qui comptait pour Ana huna, c’était l’histoire qui s’appuyait sur le personnage central. L’opération qui a coûté environ 1,5 million d’euros est un succès qui part de pays en pays et de ville en village».
«Ana huna» a enregistré plus de 100 demandes sur les 4 pays. A elle seule, la Tunisie a présenté plus d’une vingtaine de projets dont les films qui ont été réalisés comme «Selma», «Une femme et demie», Najah…
Des films dont les projections sont prévues selon un programme préétabli et dans les différents pays à consulter sur le site ana-hunna.org.
Reste à savoir qu’une projection devant les parlementaires allemands est aussi au programme au terme de l’opération «Ana huna» afin de sensibiliser et faire prendre davantage conscience aux politiques allemands du poids de la coopération entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Mme Nele Wasmuth estime que la Tunisie a tous les atouts en main pour que la démocratie s’installe: «Une élite proche du peuple et une société civile d’une grande vivacité sont les garants d’une reconstruction assurée».
Il est clair que l’Allemagne, pour avoir vécu la guerre et la réunification, sait bien plus d’autres pays ce que cela représente de reconstruire un pays et panser des blessures. «La Tunisie nous a fait rêver par sa révolution…», a dit l’ambassadeur d’Allemagne en Tunisie, en mot d’ouverture le jour de l’ouverture de la manifestation devant un parterre acquis. «Ana huna» a séduit, reste à savoir si elle fait rêver…