Elle doit gagner ses galons et conquérir ses lettres de noblesse. “Elle“, c’est l’information économique qui est appelée à se frayer une voie et à constituer, enfin, son propre lectorat. Journalistes et communicants unissez vos efforts pour la cause.
Le traitement de l’information économique, dans la presse nationale, gagnerait à être affûté. Des lecteurs, désenchantés, le laissent entendre et les spécialistes le confirment.
Le lectorat éprouve un engouement certain pour la presse économique internationale. Et, il se dit frustré par la presse locale. Il convient donc de faire l’effort de le conquérir et le fidéliser. Pour ce faire, la presse économique est appelée à prendre ses marques et à se tailler une audience.
Les journalistes économiques tunisiens ont du métier, il n’y a pas de doute, et ils l’ont bien montré tout au long de trois jours studieux à l’invitation de IWPR, qui organise un séminaire aux fins de mise à niveau de l’information économique.
Peut-être ne mettent-t-ils pas assez de mordant dans le traitement de la “news“ économique. De ce fait, l’information économique manque de panache, dira en substance Ruba Husary, modératrice de ce séminaire en tandem avec Khoury.
Pour cette spécialiste du pétrole dans la presse anglo-saxonne, l’effet d’appel nécessite que l’on active les critères professionnels les plus pointus pour allumer le lecteur.
Les journalistes tunisiens les possèdent mais n’en font pas l’usage souhaité. Et, c’est sous cet angle d’attaque qu’elle a entraîné le groupe de participants, motivé pour cet exercice d’exploration, à s’autocritiquer.
Ruba Husary a concocté, pour la circonstance, une revue de “papiers“ actuels comme supports pour ce travail d’auto-évaluation, en somme.
Un cercle de qualité
Ce fut un atelier comme on les aime. Ruba Husary a déridé l’ambiance, avec délicatesse. Ni maître ni apprenant, mais des confrères réunis en cercle de qualité disposés à réfléchir, à haute voix, enclins à user des canons du métier et à se conformer aux grilles de rédaction en usage, dans la presse internationale.
Cela tient de l’exercice d’application, et en l’état, ce fut bien accueilli par les participants. Partir d’un texte confus, plat, académique, et lui instiller une tonalité aguicheuse à l’instar de l’information politique ou sportive.
Le titre accrocheur, qui exprime la teneur du texte, la petite démo qui illustre le sujet, enfin toutes les astuces qui font la noblesse de ce métier.
Ecrire est une technique et il faut se plier à ses exigences. Travailler sur le scoop, l’information exclusive, faire ressortir les retombées d’une info, maquetter un tableau et le doubler d’un graphique pour mieux en faire ressortir la tendance sont les ba-b.a. du métier, mais parfois on passe à côté. Il y a les règles professionnelles et il faut s’y tenir.
Une info d’opinion
L’enquête ou la traque de l’info, enfin l’investigation, cela fait partie du quotidien du journaliste économique. Cela doit ressortir dans le texte. C’est ce qui équivaut à une prise en mains du lecteur. Ce dernier doit sentir l’effet de suivi, ce “follow up“, si cher à la presse anglo-saxonne qui sait monter en épingle toute information quelle que soit sa teneur.
Les Anglo-saxons sont champions pour l’habillage et la mise en forme de la news. Le lecteur y voit une forme de respect pour sa personne. Et c’est ce qui a permis que les journaux anglo-saxons accèdent au stade de journaux d’opinion.
En effet, ces maisons de presse soignent le “look“ pour créer le “reader’s appeal“. Mais ils travaillent aussi sur le fond et ne négligent jamais la démarche méthodologique pour faire ressortir la finalité de l’angle d’attaque d’un sujet.
Le lecteur est valorisé et se trouve éclairé sur le sujet traité. La presse tunisienne n’en est pas bien loin. Un zeste de discipline et un chouia de conformité, soit plus de rigueur, et la presse économique franchira ce cap flatteur de presse d’opinion.