île de Bali, en Indonésie (Photo : Roméo Gacad) |
[07/10/2013 05:08:39] Nusa Dua (Indonésie) (AFP) L’Asie-Pacifique entame lundi son sommet annuel sur l’île indonésienne de Bali, tandis que l’horizon économique mondial s’obscurcit à mesure que se prolonge la paralysie budgétaire américaine.
Le président Barack Obama est le grand absent de cet important rendez-vous des dirigeants du forum de Coopération économique de l’Asie-Pacifique (Apec), une instance qui représente plus de la moitié de la richesse mondiale.
Le numéro un américain a été contraint d’annuler sa venue, retenu par la crise à Washington, qui s’éternise depuis près d’une semaine.
Son absence a suscité l’inquiétude parmi les alliés américains dans la région et des doutes sur la capacité de M. Obama à réaliser sa promesse de faire de l’Asie-Pacifique le “pivot” de sa politique étrangère.
Sa non-participation compromet également les efforts de Washington de faire approuver avant la fin de l’année – un objectif très ambitieux – le TPP ou “Partenariat trans-Pacifique”, un accord de libre-échange qui réunirait 12 pays du bloc, dont les USA mais à l’exception notable de la Chine.
La chaise vide laissée par le numéro un américain laisse justement le champ libre au président chinois Xi Jinping, lancé dans une offensive de charme tous azimuts dans la région.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, contraint de remplacer au pied levé M. Obama, a juré ses grands Dieux que son absence “ne réduit pas d’un iota” l’engagement américain en Asie.
île de Bali (Photo : Roméo Gacad) |
Mais certains dirigeants de la région voient avec inquiétude le fait que le président américain est l’un des très rares chefs d’Etat d’Asie-Pacifique absent, parmi les 21 pays représentés.
Les petits pays d’Asie du Sud-Est par exemple, comme le Vietnam ou les Philippines, comptent ainsi sur les Etats-Unis pour contrecarrer les prétentions territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale. L’Empire du milieu revendique quasiment toute cette zone, potentiellement riche en hydrocarbures, s’opposant à Hanoï ou à Manille par exemple.
“Personne ne peut remplacer les USA. Pas la Chine, pas le Japon, aucune autre puissance”, a souligné dimanche le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong.
La crise à Washington, et la perspective d’un défaut de paiement si aucun accord n’est trouvé sur le relèvement du plafond de la dette américaine, ajoutent aux incertitudes entourant l’économie mondiale, déjà très fragile.
“La croissance mondiale est trop faible. Les risques persistent et les perspectives économiques laissent à penser que la croissance est probablement plus faible et moins équilibrée que ce que l’on pourrait souhaiter”, ont souligné les ministres du Commerce et des Affaires étrangères de l’Apec dans un communiqué commun diffusé peu avant le sommet.
Des réformes structurelles
Selon le brouillon du communiqué final du sommet, qui s’achève mardi, les dirigeants devraient ainsi appeler à une “série de réformes structurelles visant à accroître la productivité, la participation de la main-d’oeuvre et la création d’emplois qualifiés”.
La secrétaire américaine au Commerce, Penny Pritzker, a averti dimanche que la paralysie budgétaire “affecte les affaires et affecte l’aptitude des entreprises et des commerces à obtenir des informations”, appelant à une solution rapide.
Les négociations sur le TPP pourraient être une autre victime de l’absence de M. Obama, qui devait peser de tout son poids pour faire progresser le dossier.
Le Premier ministre malaisien Najib Razak a ainsi reconnu que l’échéance de la fin de l’année, voulue par Washington pour faire approuver l’accord, était très ambitieuse.
“C’est un calendrier très serré”, a-t-il souligné dimanche. “Notre sentiment est que cela pourrait prendre plus longtemps”, a-t-il lâché.
Le TPP, qui veut regrouper 40% du PIB mondial, doit réunir le Japon, l’Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les Etats-Unis et le Vietnam.
Pékin était initialement opposé au TPP, projet lancé à l’initiative des États-Unis, mais sa position a évolué, ravivant les espoirs de ses partenaires commerciaux.
“La Chine est très importante pour les économies d’Asie du Sud-Est, qu’on le veuille ou non”, a souligné le ministre indonésien des Finances, Chatib Basri.
Différends ou pas, l’harmonie se fera de toute façon jour mardi, quand l’ensemble des dirigeants, à l’exception notable de Barack Obama, endosseront le costume traditionnel du pays hôte, l’Indonésie, pour l’incontournable photo de famille.