à New York (Photo : Ramin Talaie) |
[08/10/2013 12:11:03] Londres (AFP) La jeune Pakistanaise Malala Yousafzai raconte sa terreur lors de l’attentat des talibans auquel elle a miraculeusement survécu il y a un an et les espoirs qui guident son combat en faveur l’éducation des filles, dans une autobiographie publiée mardi.
Co-écrit avec la journaliste britannique Christina Lamb, “Moi Malala: Je lutte pour l’Education et je résiste aux talibans” raconte la terreur ressentie par l’adolescente de 16 ans quand deux hommes armés sont montés à bord de son bus scolaire le 9 octobre 2012, et lui ont tiré dans la tête.
“Mes amis disent qu’il a tiré trois coups de feu, l’un après l’autre”, écrit-elle en parlant de l’un de ses agresseurs.
“Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, mes longs cheveux et les genoux de Moniba (une camarade de classe) étaient couverts de sang”, ajoute-t-elle.
Elle précise avoir reçu des menaces de morts dans les mois ayant précédé son attaque.
“La nuit, j’attendais que tout le monde dorme. Ensuite, je vérifiais chaque porte et chaque fenêtre”, se rappelle-t-elle.
“Je ne sais pas pourquoi, mais apprendre que j’étais une cible ne m’a pas inquiété. Il me semblait que tout le monde sait qu’il va mourir un jour”, a-t-elle écrit, philosophe.
Le livre publié mardi en anglais dans le monde entier, et en français mercredi, décrit la vie de Malala sous le régime des talibans dans la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan.
Il évoque notamment les flagellations publiques, l’interdiction de la télévision, de la danse et de la musique, ainsi que la décision de sa famille de fuir en 2009, comme un million d’autres personnes, alors que des combats faisaient rage entre les talibans et les troupes pakistanaises.
On découvre également dans l’ouvrage que son père a brièvement envisagé, lorsqu’il était adolescent, de devenir un jihadiste pour aller se battre en Afghanistan après l’invasion russe en 1979.
Un père sur lequel elle ne tarit pas d’éloges, affirmant qu’il a risqué sa vie en défiant les talibans. Malala rejette avec véhémence les critiques selon lesquelles son père l’a contrainte à militer à ses côtés, “comme le ferait un père essayant de créer un champion de tennis” ou de l’avoir utilisée comme une porte-parole, “comme si je ne pensais pas par moi-même”.
Celle qui vit désormais à Birmingham, dans le centre de l’Angleterre, où elle a été soignée, raconte également souffrir du mal du pays et les difficultés qu’elle a rencontrées pour s’adapter à la vie britannique.
Elle livre notamment son horreur quand elle a vu pour la première fois les jeunes Anglaises légèrement vêtues pour sortir le soir à Birmingham, et son étonnement de voir garçons et filles sympathiser ouvertement dans les cafés.
Elle confie avoir du mal à se faire des amis dans son pays d’adoption, et passer encore des heures sur Skype pour discuter avec ses amies pakistanaises.
En Angleterre, “les gens suivent les règles, ils respectent les policiers et tout à lieu à l’heure”, s’étonne-t-elle.
“Je vois des femmes qui occupent des emplois que nous ne pouvions pas imaginer à Swat”, s’enthousiasme-t-elle également.
Comme beaucoup de jeunes filles de son âge, elle avoue avoir un faible pour le chanteur américain Justin Bieber et les romans sur les vampires de la saga Twilight.
Elle livre également les détails de la bataille effrénée de ses chirurgiens pour la maintenir en vie et la panique qu’elle a ressenti en se réveillant à des milliers de kilomètres de chez elle.
Reconnaissant avoir été perçue par certains dans son pays comme un pantin de l’Occident, elle cite fréquemment l’ancienne Premier ministre pakistanaise Benazir Bhutto qu’elle voit comme une héroïne. Elle ne cache pas son intention de retourner un jour au Pakistan pour entrer en politique malgré les risques d’un tel engagement.
“J’ai été épargnée pour une raison, celle d’utiliser ma vie pour aider les gens”, écrit-elle.