La Serbie adopte des mesures d’austérité pour “éviter la “faillite”

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à Belgrade (Photo : Andrej Isakovic)

[08/10/2013 13:58:12] Belgrade (AFP) Le gouvernement serbe a adopté mardi des mesures d’austérité pour parer à la crise économique, éviter la faillite et regagner la confiance des institutions financières internationales et des créditeurs.

Parmi ces mesures, le ministre des Finances, Lazar Krstic, a annoncé l’augmentation de la TVA pour les produits de base de 8 à 10% tout comme la diminution, voire l’annulation, des subventions accordées aux entreprises d?État.

“Sans ces mesures, on va faire faillite dans les deux prochaines années”, a affirmé le ministre lors d’une séance du gouvernement ouverte à la presse. Il a ajouté compter voir en 2015 les premiers résultats positifs suite à l’adoption de ces mesures.

Avec l’augmentation de la TVA, le gouvernement obtiendra quelque 200 millions d’euros supplémentaires par an, a prévisé M. Krstic.

En juillet, le Parlement serbe avait adopté un budget révisé pour 2013 qui augmentait le déficit à 4,7% du PIB, contre 3,3% initialement prévu.

Belgrade mise sur une croissance de 2% en 2013 et une inflation de 5,5% alors que le taux de chômage s’élève à 24%, selon les derniers chiffres officiels publiés en juin.

La dette publique de ce pays de 7,2 millions d’habitants s’élève actuellement à 60% du PIB.

En 2012, l’économie serbe s’était contractée de 1,7% et le déficit budgétaire avait atteint 4,7% du PIB.

Importantes coupes salariales

Le gouvernement a également décidé mardi d’opérer à partir de 2014 des coupes salariales dans l’administration publique pléthorique du pays, qui emploie environ 600.000 personnes.

Les fonctionnaires, payés plus de 60.000 dinars (environ 520 euros), verront leur rétribution diminuée de 20% et ceux dont les salaires sont supérieurs à 100.000 dinars de 25%.

Le gouvernement vise des économies annuelles d’environ 150 millions d’euros, soit 0,3% du PIB.

“Notre but est de stabiliser la dette publique d’ici 2016-2017 et de ramener le déficit à 2% du PIB”, a poursuivi le ministre des Finances.

L’analyste économique Vladimir Vuckovic a fait valoir que les mesures du gouvernement représentaient un “pas solide dans la bonne direction”. Il a néanmoins estimé que le gouvernement aura à surmonter beaucoup de défis “politiques et sociaux” dans la mise en oeuvre de son plan.

Ces mesures d’austérité interviennent alors que la Serbie a renoué cette semaine le dialogue avec le Fonds monétaire international (FMI) dans l’espoir d’un éventuel accord qui renforcerait la confiance des potentiels investisseurs et créditeurs.

L’analyste économique, Anika Pavicevic, note que la mise en oeuvre de ces mesure d’austérité sera saluée par les créditeurs internationaux mais estime que de bons résultats doivent être “réalisés très vite” si la Serbie veut obtenir une assistance financière du FMI.

L’influent vice-Premier ministre, Aleksandar Vucic, avait indiqué en septembre avoir demandé aux Émirats Arabes Unis un crédit de “deux ou trois milliards de dollars à un petit taux d’intérêt sur 20 ou 30 ans”.

Une partie de ce montant irait au remboursement des crédits, contribuerait à alléger la pression sur la dette publique et la différence serait injectée dans l’économie, selon lui.

“Cela nous permettra d’avoir un accord avec le FMI (…) et devenir membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) vers la fin de l’année”, avait-il même affirmé.

Aucune information sur cette demande n’a été depuis communiquée. Tout comme aucun détail sur le résultat des dernières discussions entre Belgrade et le FMI n’a été rendu public.

Avant cette visite, le FMI avait toutefois souligné que, sans mesures d’austérité, le déficit budgétaire risquait de s’élever à 8,3% du PIB.

Le FMI avait gelé l’octroi d’un prêt de réserve pour une période de 18 mois en raison du non-respect par les autorités de Belgrade de certaines conditions, notamment sur le déficit budgétaire qui ne devait pas dépasser 4,25% du PIB, alors que la dette publique devait être limitée à 45% du PIB.

En avril, la Russie avait accordé à la Serbie un prêt de 500 millions de dollars mais avait lié le versement d’une tranche de ce crédit à la conclusion d’un accord avec le FMI sur un plan d’aide.

En novembre, la Banque mondiale (BM) avait elle aussi indiqué être prête à octroyer un crédit de 314 millions d’euros à la Serbie pour soutenir son budget, à condition que Belgrade signe d’abord un accord avec le FMI.