à Bali (Photo : Bay Ismoyo) |
[08/10/2013 15:32:46] Tokyo (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) a appelé mardi le Japon à transformer son marché du travail et abaisser ses barrières commerciales, des “réformes structurelles” nécessaires à la réussite de son programme de relance popularisé sous le vocable “Abenomics”.
Le FMI maintient que la croissance de la troisième puissance économique mondiale sera relativement robuste en 2013, à 2,0%, avant de ralentir en 2014, à 1,2%. Ces nouvelles prévisions ne sont révisées qu’à la marge par rapport à celles publiées en juillet (-0,1 point pour 2013 et +0,1 point pour 2014).
Dans son rapport économique mondial, l’organisation basée à Washington publie une étude spécifique baptisée “Abenomics: des risques après un succès initial ?”, dans laquelle elle fait le point sur la stratégie de relance lancée par le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2012.
Cette politique consiste en trois “flèches”: une relance budgétaire temporaire, un assouplissement monétaire considérable et des réformes structurelles visant à doper l’investissement des entreprises, le tout pour sortir de quinze ans de déflation et accélérer la croissance de façon durable.
Le FMI souligne que cette politique “ambitieuse” a nettement élevé les perspectives de croissance “à court terme”, estimant à 1,3 point de pourcentage la contribution des Abenomics sur les 2% prévus pour 2013.
“Malgré cette réussite, le succès à plus long terme des Abenomics n’est pas garanti” avertit toutefois l’institution, qui prévient qu’une croissance faible et une déflation sont à craindre si les réformes promises par le conservateur M. Abe demeurent “inachevées”.
Le FMI souligne que le Japon a besoin notamment de reculer l’âge de la retraite, d’élever le taux d’activité des femmes aujourd’hui nettement moindre que dans la plupart des autres nations développées, et d’augmenter la productivité.
M. Abe a déjà annoncé des mesures destinées à renforcer l’investissement des entreprises, y compris des dérégulations, une restructuration du secteur agricole et des changements du droit du travail. Mais ces chantiers sont à peine lancés et le Premier ministre a averti lundi qu’une réforme d’ampleur du marché du travail prendrait du temps.
“Quand on évoque des postes en trop, les Japonais sont très sensibles”, a-t-il déclaré au Financial Times. “Gagner leur compréhension nécessitera plus d’explications que pour d’autres réformes.”
Les membres de l’aile libérale du parti de M. Abe voudraient que soient assouplies les conditions d’emploi sous contrat à durée indéterminée.
Selon des économistes, la protection excessive des salariés à temps plein expliquerait actuellement la montée du travail précaire, privilégiée par des entreprises pour éviter de trop se lier les mains.
Le FMI appelle en outre le pays à “abaisser ses barrières commerciales pour les produits et les services” importés. Depuis l’arrivée de M. Abe, le Japon a entamé formellement des négociations de libre-échange avec l’Union européenne, d’une part, et avec onze pays de la région Asie-Pacifique, d’autre part, dont les Etats-Unis. Le succès de ces discussions semées d’embûches est néanmoins loin d’être assuré.
A défaut de conduire ces diverses réformes de fond, résume le FMI, la croissance nippone redeviendra faible, l’objectif d’inflation de 2% fixé par la Banque du Japon (BoJ) illusoire et, in fine, la colossale dette publique risque encore d’augmenter et de menacer la stabilité financière du pays.
L’endettement public du pays approche 250% de son produit intérieur brut (PIB), rappelle le FMI, une semaine après que M. Abe a décidé de relever de 5% à 8% la taxe sur la consommation (équivalente à la TVA française).
Cette hausse, qui interviendra en avril 2014, est “un pas dans la bonne direction”, a salué l’institution, mais le gouvernement n’en doit pas moins “rapidement présenter un plan détaillé pour consolider sa situation budgétaire à moyen terme”, a-t-elle prévenu.
Le FMI a estimé en outre que la BoJ pourrait devoir augmenter davantage le montant des actifs financiers qu’elle rachète sur les marchés, afin d’aider l’inflation à décoller.