Quand My Major Company sauve des ruches et finance des vaches

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Une ruche (Photo : Michel Gangne)

[08/10/2013 19:30:33] Paris (AFP) Lancé en 2007, le premier site français de financement participatif My Major Company contribue aujourd’hui au lancement ou à l’expansion de projets dans le monde agricole, comme celui de Thomas qui vient de doubler sa production de miel dans les Pyrénées Orientales.

Le 3 octobre, Thomas Cambassédès, 28 ans, a chargé 1.600 pots de miel dans son camion et attaqué la route qui descend de Caramany, sa commune occitane, pour un tour de France d’une semaine jusqu’à Lyon, via Toulouse, Bordeaux et Paris notamment, où il se trouvait mardi pour rencontrer une poignée de donateurs au siège de My Major Company (MMC).

Début mars, après un hiver déjà mortel qui lui avait coûté une cinquantaine de ruches, la crue soudaine de l’Agly a emporté celles qu’il avait disposées près de la rivière pour la pollinisation des abricotiers.

Plutôt que de se tourner vers les banques pour redresser ses comptes et surtout relancer son activité, le jeune apiculteur installé depuis février 2012 a sollicité l’aide des internautes via MMC qu’il connaissait, explique-t-il, “à cause de Grégoire” et de son tube “Toi+Moi”, premier succès public du site fin 2007.

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occupe de sa ruche (Photo : Michel Gangne)

“Avec MMC, j’avais l’occasion de créer un réseau, en plus je n’avais pas d’échéance de crédit à rembourser”, justifie-t-il. “J’ai lancé un appel demandant 4.800 euros pour financer 40 ruches, en échange je proposais d’envoyer du miel aux donateurs: 7 pots de différentes variétés pour une participation de 45 euros. En deux mois, j’ai reçu plus de 27.000 euros de 409 personnes, de quoi acheter 120 ruches”.

“Si on n’avait pas fait ça, il me restait 120 ruches en production contre 240. C’était pas la faillite, mais l’année aurait été beaucoup plus difficile”.

Sur sa route, il rencontre certains de ceux qui lui ont fait confiance comme Elodie: cette informaticienne de l’Essonne lui a confié 180 euros et récupère aujourd’hui 30 pots de miel.

“Bien sûr c’est sympa d’avoir du miel. Mais je me disais surtout qu’on peut tous un jour tomber dans la galère”, résume-t-elle. Présent également Jean-Louis, instit’ à la retraite qui a placé 90 euros sur les ruches de Thomas. Lui, c’est le sort des abeilles qui le préoccupe et la volonté de contribuer à leur sauvegarde: “Je suis écolo-sensible”, confie-t-il.

‘Aucune différence’ entre la musique et les abeilles

Elodie avait déjà apporté sa contribution, de dix, vingt euros à des romans, pour permettre à l’auteur d’achever son récit. Jean-Louis aussi a contribué à des projets au théâtre.

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Une vache dans les Alpes (Photo : Jean-Pierre Clatot)

“Il n’y a strictement aucune différence entre Grégoire et Thomas: l’idée est toujours d’accompagner des projets de vie”, assure Stéphane Bittoune, directeur-général de MMC, site fondé en 2007 par Mickaël Goldman, fils de Jean-Jacques, qui a ouvert la voie en France et même en Europe au financement participatif.

MMC compte aujourd’hui 400 projets accomplis à son actif.

“Depuis un an, on a ouvert le site à toutes sortes de projets d’entreprises. On peut tous trouver le nouveau Grégoire, ouvrir de nouvelles perspectives: aujourd’hui Thomas et ses ruches, demain peut-être l’inventeur d’un nouveau smartphone”.

MMC accueille déjà deux autres projets apicoles à Quiberon, en Bretagne et dans le Nord-Pas de Calais. Mais le site cherche aussi des financements pour Muriel, 36 ans, qui cherche à moderniser sa chèvrerie du Languedoc Roussillon et souhaite 4.500 euros pour installer eau et électricité.

Depuis le 15 septembre elle a recueilli 706 euros.

En Pays de Loire, Stéphane voulait acquérir deux vaches supplémentaires pour son troupeau de quinze têtes: il demandait 1.000 euros, il a obtenu plus du double.

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Un troupeau de vaches (Photo : Christof Stache)

“On ne peut pas encore se lancer sur des financements aussi lourds que des achats de terre, mais on peut aider pour l’achat de matériel. Il n’y a aucune différence avec la musique”, affirme Stéphane Bittoune.

Un petite méfiance supplémentaire peut-être, se demande Thomas. Selon lui, sa démarche n’a pas été toujours bien comprise par les collègues des P.O. Et pourtant cette saison il attend une belle récolte de 3 à 4 tonnes de miel.