La loi de finances de 2014 ne prévoit pas l’instauration d’une taxe supplémentaire sur la bière de 100 millimes/bouteille, a affirmé à l’Agence TAP le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, au moment où le principal producteur de ce produit sur le marché a manifesté, ouvertement, son opposition à une telle mesure.
Le ministre a précisé en marge de la réunion du Conseil supérieur de la fiscalité qu’il s’agissait d’une proposition qui n’a pas été adoptée, contrairement à ce qui a été diffusé dans certains médias.
Le week-end dernier, la direction générale du Groupe de la Société de Fabrication des boissons de Tunisie (SFBT), principal opérateur du marché de boissons dans le pays, a dressé, une première lettre ouverte au gouvernement et aux membres de l’Assemblée nationale constituante (ANC) dans laquelle elle a exprimé son refus de l’instauration de la nouvelle taxe et critiqué la démarche gouvernementale en la matière.
Le PDG de la SFBT, Hammadi Bousbiaa, a indiqué que la proposition d’une nouvelle taxe a suscité le mécontentement des agents de la société, d’autant que l’Etat avait déjà adopté d’autres taxes présentées, également, comme étant des propositions. Il a rappelé dans une déclaration à l’Agence TAP que la taxe sur la bière en bouteille a été déjà augmentée en 2011, de 70%, la faisant passer de 430 à 730 mille/bouteille.
Le prix de la bière s’élève actuellement, dans les grandes surfaces, à 1395 millimes la cannette et à 1650 millimes la bouteille. Entre 2012 et 2013, l’augmentation du prix de la bouteille a atteint 44% provoquant une baisse des ventes de 28%, a précisé le PDG de la SFBT.
Il a fait savoir que la hausse de prix incitera les consommateurs à se ravitailler auprès de la contrebande, proposant le produit à un prix modeste, ce qui est de nature à favoriser le commerce parallèle et à porter préjudice à la société qui emploie plus de 6.000 agents. Pour M. Bousbiaa, cette augmentation est injustifiée et ne manquera pas d’entraîner une baisse de production et une réduction des heures de travail, de favoriser le chômage et les mouvements sociaux de protestation et, partant, contribuer à réduire les recettes de l’Etat.
Le gouvernement a instauré cette taxe arguant que la bière est produite à partir du sucre subventionné, alors que le sucre contenu dans la bouteille ne représentant que 8 millimes, sans compter que certaines marques ne contiennent pas du tout de sucre, a précisé Bousbiaa. Et d’ajouter que «permettre aux industriels d’importer le sucre directement, réduirait le coût».
Il a, dans le même cadre, suggéré à l’Etat de prendre un nombre de dispositions à même de consolider le budget de l’Etat 2014, sans pour autant menacer l’intérêt du citoyen, comme instaurer une taxe de 1% sur les opérations de vente et d’achat de devises, laquelle (taxe) rapporterait au budget de l’Etat un milliard de dinars. Et de s’interroger: l’objectif du gouvernement est-il de consolider les ressources du budget de l’Etat ou de limiter la consommation de la bière pour des raisons politiques?».
Selon le site de la Bourse de Tunis, les actions de la SFBT ont enregistré une baisse de 2,1%, au cours de la semaine du 30 septembre au 04 octobre 2013, clôturant à 13,510 DT.
Au deuxième trimestre 2013, le chiffre d’affaires de la SFBT, un des fleurons du marché des boissons, a progressé de 10,69%. Le chiffre d’affaires des boissons gazeuses destinées à l’exportation a progressé de 31,21%. Selon les mêmes données, le chiffre d’affaires de la bière locale a progressé de 3,62% alors que les ventes de bière sans alcool destinée à l’exportation ont enregistré une hausse de 42,14% au cours du 2ème trimestre 2013.