à essence (Photo : Thomas Samson) |
[09/10/2013 18:06:50] Paris (AFP) Un Français consomme directement 12 tonnes de matières premières par an, qu’il s’agisse de sable pour la construction, la viande de l’alimentation ou le pétrole, soit environ deux fois moins qu’un Américain, autant qu’un Chinois et trois fois plus qu’un Indien.
780 millions de tonnes: c’est la consommation totale directe de matières “premières” (agriculture et pêche incluse) en France en 2010, selon cette étude du ministère français de l’Ecologie diffusée mercredi.
En volume total, ce chiffre est en baisse de 12% par rapport à 2008, selon le Commissariat général au Développement durable (CGDD). Par habitant, il est descendu en deux ans à 12 tonnes contre 14 tonnes en 2008. En 1990, cette consommation moyenne était déjà de 14 tonnes annuelles.
Mais plus qu’un pas en avant écologique, le coup de frein de l’économie française est le principal responsable : “cette diminution est liée à la contraction de l’activité économique, en particulier dans le secteur de la construction”, note le CGDD.
Les minéraux utilisés principalement dans la construction (graviers, sables…) représentent en effet près de la moitié (50,2% en 2008) du total. Suivent les produits de l’agriculture et de la pêche (28,6%) qui remplissent nos estomacs, nourrissent animaux ou finissent à la poubelle, puis les combustibles fossiles (16%, dont deux tiers de pétrole).
êche (Photo : Jean-Sebastien Evrard) |
Nouvelle encourageante néanmoins: l’économie française parvient à faire plus avec moins. Chaque kilo de matière consommée génère aujourd’hui un peu plus de 2 euros de plus dans la richesse nationale, un chiffre qui a progressé de près de 40% en 20 ans.
Et le reste du monde? Le comparatif international ne va pas au-delà de 2008, mais le Français fait un peu mieux que la moyenne de l’Union européenne (14 tonnes contre 17 tonnes). Il est loin derrière l’Américain (23 tonnes) et du recordman australien (44 tonnes).
Consommation “cachée”
Mais il est devant le Russe, le Britannique, le Japonais, l’Italien (tous autour de 11 tonnes), sans parler de l’Indien (4 t). Le Chinois de 2008 “pèse” environ aussi lourd qu’un Français, mais son impact a doublé depuis 2000 et l’a donc probablement dépassé depuis.
A cette consommation française baptisée “apparente”, le ministère ajoute une consommation “cachée”, qui inclut les usages indirects.
Ceux-ci incluent notamment les matières inutilisées (résidus de récoltes agricoles, érosion des sols, terres excavées pour extraire les minerais et les travaux de construction) ainsi que, pour les importations et exportations, “les matières utilisées qui ne sont pas incorporées dans les produits échangés”, c’est-à-dire principalement les combustibles utilisés pour les produire et les transporter.
L’impact “matière” d’un Français grimpe alors à 23 tonnes par an (contre 28 tonnes en 2008 et 30 tonnes en 1990), pour un total de près de 1,5 milliard de tonnes.
Le charbon, quasi absent de la consommation “directe” d’un Français, devient alors significatif (avec une consommation nationale évaluée à près de 100 millions de tonnes par an), du fait de l’importance de cette énergie polluante chez des grands partenaires commerciaux (Chine, mais aussi Allemagne et Etats-Unis).
Que devient toute cette matière en bout de chaîne? Des 12 tonnes de départ, on retrouve 5,5 tonnes de déchets (70% de déchets de construction, 26% d’autres déchets non dangereux et 4% de déchets toxiques).
Soit un total un peu au-dessus de la moyenne de l’UE (5 tonnes), et une hausse de 3% entre 2008 et 2010.