éroport de Fiumicino le 11 octobre 2013 (Photo : Andreas Solaro) |
[11/10/2013 18:18:30] Milan (AFP) Le conseil d’administration d’Alitalia a approuvé vendredi à l’unanimité un projet d’augmentation de capital de 300 M EUR, ont déclaré deux de ses membres, alors que la compagnie aérienne, au bord de l’asphyxie financière, risquait de voir ses avions cloués au sol dès samedi.
“Nous avons validé l’augmentation selon le programme, elle a été approuvée à l’unanimité”, a déclaré l’un des administrateurs, Maurizio Traglio, aux médias italiens rassemblés devant le siège du groupe à Fiumicino, près de Rome.
L’unanimité signifie que les représentants du groupe Air France-KLM, principal actionnaire de la compagnie avec 25%, ont eux aussi donné leur feu vert, ce qui n’apparaissait pas certain en début de journée.
L’information a été confirmée peu de temps après par un autre membre du conseil d’administration, Davide Maccagnani, qui a également confirmé que le montant validé était de “300 M EUR”. Le groupe français votera “certainement” en faveur de cette opération lors de l’assemblée générale extraordinaire prévue le 14 octobre, a-t-il ajouté.
Les services de presse d’Alitalia et d’Air France-KLM n’étaient pas joignable dans l’immédiat pour confirmation.
Le patron du groupe pétrolier Eni, Paolo Scaroni, qui avait menacé en début de semaine de couper l’approvisionnement en carburant d’Alitalia, a pour sa part salué l’annonce de l’accord: “Nous apprenons avec satisfaction que le conseil d’administration d’Alitalia a approuvé un plan financier qui assure la continuité opérationnelle. Alitalia redevient pour nous un client important”.
La compagnie avait initialement annoncé fin septembre une augmentation de capital beaucoup plus limitée, d’une centaine de millions d’euros, qui, bien que votée en conseil d’administration, avait été jugée insuffisamment ambitieuse et n’avait pas reçu l’assentiment d’une partie des actionnaires, notamment Air France-KLM.
Le gouvernement italien, très inquiet pour le sort d’Alitalia, entreprise emblématique, et de ses 14.000 salariés, après avoir exploré une série de pistes ces derniers jours, a finalement convaincu le groupe public Poste Italiane de participer à l’augmentation de capital à hauteur de 75 M EUR.
Si le schéma envisagé est confirmé, la prospère Poste italienne pourrait ainsi acquérir environ 12% d’Alitalia, dont le capital, pour l’heure entièrement privé, est détenu à hauteur de 25% par le groupe Air France-KLM et le reste par une vingtaine de sociétés italiennes.
D’autres actionnaires historiques d’Alitalia dont Intesa Sanpaolo et Atlantia devraient également mettre au pot, de même qu’un consortium de banques mené par Unicredit. Alitalia devrait aussi se voir allouer une ligne de crédit de 200 millions d’euros, soit un total de 500 millions de financement.
Cette solution de dernière minute, dévoilée jeudi soir par le gouvernement a provoqué un début de polémique sur l’intervention de l’Etat italien dans une entreprise à 100% privée, et à qui un premier sauvetage en 2008 avait déjà coûté plusieurs milliards d’euros.
Le patron des patrons Giorgio Squinzi a ainsi déclaré “être toujours très perplexe face à une intervention publique dans une société privée”. “Si c’est un sparadrap pour soigner une situation d’urgence, d’accord. Mais il faudra réfléchir sérieusement une bonne fois pour toutes à un plan de moyen-long terme”, a-t-il ajouté.
éroport de Fiumicino le 11 octobre 2013 (Photo : Andreas Solaro) |
La solution proposée par le gouvernement a au contraire été saluée par le président l’Autorité italienne de l’aviation civile (Enac) Vito Riggio, qui avait lui-même évoqué jeudi une possible révocation de la licence d’Alitalia si une solution n’était pas trouvée dans les prochaines heures.
“Le gouvernement a accompli une chose très importante, il a réussi à trouver une solution dans un moment d’extrême difficulté pour le trafic aérien”, a-t-il jugé.
Le ministre italien des Transports, Maurizio Lupi, le principal artisan du plan de sauvetage, a insisté dans la matinée sur le fait que le principal effort reposera sur les actionnaires privés de la compagnie et assuré que l’apport de Poste Italiane ne représente pas “une aide publique”.
Il sera également limité, a-t-il insisté. “Le gouvernement et la Poste considèrent que les 75 M EUR sont le montant que l’entreprise peut investir. Nous ne pourrons pas intervenir ultérieurement”, a-t-il prévenu.
Le gouvernement avait prévenu dès jeudi soir que l’aide fournie à Alitalia n’était pas “sans conditions” et exigé “une discontinuité et une stabilisation de son actionnariat, de même qu’une importante restructuration via un nouveau projet industriel”.
Même si le plan de sauvetage est validé, la compagnie, chroniquement déficitaire, aura toujours besoin de s’adosser à un “partenaire étranger”, a admis M. Lupi.
Du moins cette solution transitoire lui permet-elle de se présenter “en position de parité”, a-t-il estimé. Pour l’heure, Air France-KLM est considéré comme “partenaire principal”, a-t-il dit.