En 2012, le taux d’activité des femmes en Tunisie n’a pas dépassé 25,8%, contre 70,3% pour les hommes. L’économiste Souad Triki, qui participait samedi 12 octobre à une table ronde sur la crise actuelle et les droits socio-économiques des femmes, a cité trois facteurs pouvant expliquer ce faible niveau de participation de la femme au marché du travail.
Il s’agit de la maîtrise de la fécondité qui se mesure par la baisse de l’indice synthétique de fécondité (nombre d’enfants par femme), l’éducation et la structure démographique.
En effet, l’indice synthétique de fécondité (ISF), qui se situait aux alentours de 7 dans les années 60, a baissé progressivement pour atteindre 2 en 2000. Mais au cours des dernières années, l’on assiste à une reprise du rythme ascendant de l’ISF qui est passé de 2,04 en 2007 à 2,15 en 2011. “Nous sommes, en effet, face à un glissement dangereux et un rehaussement de l’ISF”, s’alarme-t-elle.
Mme Triki a également rappelé la hausse du pourcentage d’abandon scolaire des filles, notamment dans le cycle secondaire (53%) et universitaire (63%). Pourtant, le taux de réussite des étudiantes en fin des cycles supérieurs dépasse 56% depuis 2004-2005.
Elle a évoqué l’augmentation du taux d’analphabétisme féminin qui est aujourd’hui le double de celui observé chez les hommes. C’est que, selon l’intervenante, les filles n’ont pas les mêmes chances que les garçons de poursuivre leurs études.
Souad Triki, qui considère que les droits socioéconomiques des femmes garantis par la loi sont entachés de discrimination et d’inégalités, insiste sur l’autonomisation économique des femmes. Il s’agit d’une condition majeure et un préalable à leur libération de la domination spécifique, a-t-elle dit.
L’experte distingue entre activités rémunérées et activités non rémunérées de la femme, à l’instar des tâches familiales et domestiques qui ne sont reconnues ni par la société ni par les décideurs économiques et politiques, d’où la complexité du travail de la femme. Plus ces charges familiales augmentent moins les femmes sont portées sur le marché du travail. En 2013, le taux de chômage chez les femmes a atteint 23%, contre 13,3% chez les hommes.
Plusieurs représentants d’associations, d’organisations et de partis politiques ainsi que des syndicalistes ont pris part à cette rencontre organisée par l’Observatoire pour l’égalité des chances et la citoyenneté des femmes en Tunisie relevant de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD).
Des témoignages de femmes victimes de discrimination notamment en milieu professionnel ont été présentés.
WMC/TAP