Le gouvernement grec s’inquiète pour 2014

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écembre 2012 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[14/10/2013 15:49:05] Athènes (AFP) Le gouvernement grec cherche des solutions pour parer aux besoins financiers du pays après la fin du programme UE et FMI en 2014, et le patronat prévient que les Européens devront de toutes façons envisager une réduction de la dette publique du pays.

Les créanciers de la Grèce (UE, BCE, FMI) ont déjà évoqué un trou financier concernant les besoins de remboursement d’emprunts d’Etat, évalués à 10,9 milliards d’euros d’ici 2015, dont 4,4 mds l’an prochain, et ils n’excluent pas la nécessité d’une aide “supplémentaire” à un pays déjà très lourdement endetté.

Le ministre des Finances, Yannis Stournaras, a évoqué lundi une solution qui consisterait à refinancer 4,5 mds d’obligations arrivant à échéance en mars 2014, “ce qui couvrirait une grande partie de ce trou”.

“Les obligations déjà émises par la Grèce (auprès des banques) d’un montant de 4,5 mds euros arrivent à échéance en mars 2014, et nous pensons les renouveler”, a-t-il déclaré au quotidien financier grec Naftémporiki.

Le ministre a indiqué également que la BCE pourrait prolonger l’échéance des obligations grecques qu’elle détient, dans l’esprit de l’accord du sommet européen du 27 novembre 2012.

Le ministre a rappelé que selon cet accord, une rallonge pourrait être octroyée à la Grèce à condition qu’elle remplisse ses obligations en matière d’assainissement de son économie.

Plusieurs solutions ont été envisagées pour réduire la dette publique: réduction des taux d’intérêt, refinancement de certaines obligations arrivant à échéance, prolongement d’une “période de grâce” qui avait été déjà octroyée ou combinaison de ces solutions.

“Nous avons jusqu’ici rempli nos obligations, il faut que nos partenaires remplissent maintenant les leurs”, a réitéré M. Stournaras, relevant que “des ministres de la zone euro de grands pays sont incités à trouver une solution” à la crise grecque.

Mais outre le trou financier, les créanciers, qui évaluent actuellement l’avancement des réformes en Grèce avant le versement d’une prochaine tranche de prêts, ont récemment évoqué un “trou budgétaire” (qui concerne l’écart recettes/dépenses publiques) dans les prévisions de budget à moyen terme (2015-2016).

Évalué à environ 4 mds euros, selon la troïka, ce trou impliquerait l’adoption de nouvelles mesures de rigueur, une éventualité que rejette M. Stournaras.

Bataille de chiffres

“Il n’y aura pas de nouvelles mesures horizontales (de rigueur). Le projet de budget à moyen terme n’est pas arrêté, et ce trou qui selon les estimations grecques ne s’élève qu’à 2,2 mds euros, peut être comblé avec des interventions pour rendre plus efficace le fonctionnement de l’Etat”, a-t-il dit.

Pour le patronat grec, la solution dépasse la bataille de chiffres.

“Au delà de l’arithmétique, la solution doit être trouvée via une négociation au niveau politique” en Europe, sur une réduction de la dette, “et on se dirige vers cette solution”, a estimé Anguélos Tsakanikas, économiste à l’Institut de recherche du patronat grec (Iove) lors de la présentation lundi d’un rapport sur l’économie grecque.

Soulignant que l’économie est “en voie de stabilisation”, M. Tsakanikas a rappelé que “le service de la dette n’est plus si élevé, comparé à ce qu’il était”.

“Il y a cinq ou six ans, on cherchait 60 et 70 mds euros par an alors qu’actuellement les besoins annuels sont évalués à 10 ou 12 mds, ce qui n’est pas très difficile à trouver”, a-t-il assuré.

Il a aussi souligné que “tant qu’il n’y aura pas de gouvernement en Allemagne, nous n’aurons pas de décisions sur la Grèce”.

La chancelière allemande Angela Merkel s’efforce de former un gouvernement de coalition après sa victoire aux élections fin septembre. Son précédent gouvernement était réticent à l’idée d’une restructuration de la dette grecque.

Selon l’avant-projet de budget 2014, le gouvernement table sur une légère baisse de la dette publique en 2014, à 319,4 mds euros, soit 174,5% du PIB, contre 321 mds en 2013.

La Grèce a bénéficié de plus de 250 mds euros de la zone euro et du FMI grâce à deux programmes de prêts accompagnés de mesures de rigueur drastiques sur les emplois, les salaires et les retraites.