éléphone (Photo : Patrick Bernard) |
[15/10/2013 12:20:40] Paris (AFP) L’agence nationale sanitaire (Anses) a recommandé mardi de réduire l’exposition aux ondes électromagnétiques, principalement celles de téléphones portables, même si les données scientifiques disponibles ne permettent pas d’établir d’impact avéré sur la santé.
Les préconisations de l’Anses visent en particulier les enfants, à qui l’utilisation de téléphones portables est déconseillé, et les utilisateurs intensifs (à partir de 30 à 40 minutes par jour), qui sont invités à utiliser des kits mains libres.
Pour les enfants, “l’utilisation d’un téléphone portable en mode conversation est déconseillée”, a-t-il affirmé. “Leur cerveau est plus exposé, en raison d’une boîte crânienne moins épaisse”, a expliqué Martine Hours, présidente du comité des experts sur les radiofréquences.
Les conclusions présentées par l’agence – fruit de deux ans de travaux d’analyse de plus de 300 études au niveau international – “ne mettent pas en évidence d’effet sanitaire avéré” mais “font apparaître, avec des niveaux de preuve limités, différents effets biologiques”.
Un effet biologique est une modification de l’organisme sans qu’elle soit synonyme de pathologie. “La dilatation ou la rétractation de la pupille en fonction de l’éclairage ou le changement de la couleur de la peau exposée au soleil sont des effets biologiques”, explique Dominique Gombert, directeur de l’évaluation des risques à l’Anses.
Les effets biologiques constatés sur l’homme ou l’animal ont concerné les performances cognitives (orientation par exemple), le sommeil (modification de l’encéphalogramme) et la fertilité masculine (modification des paramètres cellulaires de spermatozoïdes).
émissions électromagnétiques dans une rue de Paris, en janvier 2013 (Photo : Martin Bureau) |
En raison d’interrogations sur les tumeurs cérébrales, l”Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé en mai 2011 que l’usage des téléphones portables devait être considéré comme “peut-être cancérogène pour l’homme”. Certaines études épidémiologiques publiées depuis 2009 indiquent “un risque possible pour les utilisateurs intensifs de téléphone”, a expliqué l’Anses. Mais le lien de causalité reste là aussi à démontrer.
Risques pour utilisateurs intensifs
Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des Toits qui milite pour une réduction de l’exposition, s’est dit “déçu” par les conclusions de l’Anses.”Un effet avéré, cela veut dire prouvé, on est alors dans la prévention”, a-t-il commenté. “Là, on a des effets biologiques, on est dans un débat scientifique mais quand on a un débat scientifique, on devrait appliquer le principe de précaution”, a-t-il ajouté.
Ces conclusions sont publiées alors que les opérateurs déploient actuellement une nouvelle technologie, la 4G, qui va encore faciliter les échanges d’information entre objets connectés (tablettes, smartphones, etc.).
Dominique Gombert a indiqué que le déploiement de la 4G “va se superposer aux technologies existantes”, augmentant ainsi l’exposition aux ondes. Par ailleurs, si “rien ne permet de penser qu’il a des effets spécifiques de nature différente des autres technologies, il n’y a pas d’étude qui étaye cette présomption”, a-t-il constaté.
un immeuble parisien, en 2003 (Photo : Jacques Demarthon) |
Pour Marc Mortureux, le directeur général de l’Anses, “nous sommes face à une évolution assez spectaculaire et permanente des technologies recourant aux radiofréquences”, émettrices d’ondes électromagnétiques.
Dans ce contexte, l’agence fait aussi d’autres recommandations: privilégier des téléphones émettant moins d’énergie (débit d’absorption spécifique ou DAS), mieux mesurer l’exposition actuelle de la population, réaliser des études préalables avant l’installation de nouvelles infrastructures, étendre la limitation des émissions à d’autres appareils (tablettes, veille-bébé, téléphones sans fil dans les maisons, ampoules basse consommation, etc.).
“Nous ne connaissons pas le débit d’absorption spécifique de tous les objets communicants”, a regretté Dominique Gombert.
Il a aussi estimé “important de mieux connaître comment est exposée la population à l’intérieur comme à l.’extérieur des bâtiments”, notamment en mesurant le cumul des expositions (wifi + téléphone +antenne etc).
Au sujet des antennes, à l’origine de tensions locales, si l’exposition globale reste “faible”, il existe localement des zones d’exposition “notablement plus importantes (…) qui pourraient être technologiquement réduites”, selon l’Anses.
Ses responsables ont toutefois rappelé avec insistance que “les téléphones mobiles constituent la principale source d’exposition”.
Un rapport récemment remis au gouvernement indiquait que sur 99% du territoire, le niveau d’exposition lié aux antennes n’était que de 2,7 volts par mètre. A comparer avec les quelques volts par mètre émis par un seul téléphone portable utilisé avec un kit mains libres, une exposition déjà divisée au moins par 10 par rapport à un appareil collé à l’oreille, selon l’Anses.