Etats-Unis : dénouement inextremis de la crise sur la dette

6332960cea39f0712d43d09bbb92675d21783688.jpg
ête à donner une conférence de presse à la Maison Blanche sur le plafond de la dette, le 16 octobre 2013 (Photo : Saul Loeb)

[17/10/2013 04:20:35] Washington (AFP) Le Congrès américain s’apprêtait mercredi à relever in extremis le plafond de la dette des Etats-Unis afin d’éviter un défaut de paiement, mettant fin à la plus grave crise politique du second mandat de Barack Obama.

Avant même l’adoption définitive de l’accord final par le Congrès, le président américain a affirmé lors d’une intervention à la Maison Blanche que les élus auraient à regagner la “confiance” des Américains après deux semaines d’affrontements politiques, et dit souhaiter cesser de gouverner “de crise en crise”.

Le Sénat américain venait d’adopter à une très large majorité (81 voix contre 18) un texte de compromis dévoilé plus tôt dans la journée. La Chambre des représentants devait à son tour voter sur l’accord dans la soirée et permettre au président de le promulguer.

Selon les termes du compromis, le Trésor serait autorisé à emprunter jusqu’au 7 février. L’ensemble de l’administration fédérale, paralysée depuis 16 jours, pourra rappeler les centaines de milliers de fonctionnaires mis au chômage technique, jusqu’au 15 janvier. Ces employés seront payés rétroactivement.

7a9915d04fd64f431ba830b5571c86605eaece11.jpg
ésident de la Chambre des représentants, John Boehner, au Capitole, à Washington, le 16 octobre 2013 (Photo : Jewel Samad)

Mais le compromis n’est que provisoire et ne donne que quelques mois aux deux camps pour réconcilier des positions budgétaires jusqu’ici irréductibles. Une commission bicamérale doit être convoquée et élaborer d’ici le 13 décembre les contours d’un budget pour le reste de l’année 2014, une nouvelle bataille qui s’annonce difficile.

Barack Obama a répété qu’il était “prêt à travailler avec tout le monde (…) sur n’importe quelle idée qui fera croître l’économie, créera des emplois, renforcera la classe moyenne et remettra en ordre le budget à long terme”.

Le dénouement marque un revers cinglant pour le camp républicain et son chef, le président de la Chambre John Boehner, qui exigeait des concessions de l’exécutif, en particulier sur les dépenses sociales, avant tout vote budgétaire. Il a annoncé mercredi qu’il ne bloquerait pas le vote de ce texte.

Tea Party impopulaire

“Nous nous sommes battus pour la bonne cause, mais nous n’avons pas gagné”, a déclaré M. Boehner à l’antenne de la radio WLW de son fief de l’Ohio (nord).

Il a toutefois promis de continuer à lutter contre “la catastrophe que représente la loi sur la réforme de la santé” promulguée par M. Obama en 2010 et dont un volet central a commencé à s’appliquer début octobre.

La bataille laissera des traces au sein du parti républicain, dont la cote de popularité a atteint un niveau historiquement bas cet automne.

La mouvance ultra-conservatrice du Tea Party, dont les élus sont accusés d’avoir provoqué l’impasse budgétaire, n’a jamais été aussi impopulaire. Selon une enquête de l’institut Pew publiée mercredi, 49% des Américains ont une opinion défavorable du Tea Party, contre 43% en août 2011, lors du précédent affrontement sur la dette.

L’entrée dans une zone aussi inédite que dangereuse était promise à partir de jeudi à la première économie mondiale, avec un risque de défaut de paiement à court terme faute de capacité d’emprunt. M. Carney a toutefois révélé pour la première fois mercredi que la véritable échéance était jeudi “à la fin de la journée” et non mercredi minuit (jeudi 04H00 GMT).

Dès avant l’annonce de l’accord au Sénat, les marchés financiers avaient refusé de croire à un scénario catastrophe, et Wall Street a clôturé en hausse mercredi, ne se laissant pas déprimer par l’avertissement lancé mardi par l’agence Fitch, qui avait annoncé envisager d’abaisser la note de la dette souveraine des Etats-Unis, actuellement la meilleure possible à AAA.

Dans ce contexte, la Réserve fédérale (Fed) a révélé mercredi que l’économie du pays avait poursuivi son expansion de façon “modeste à modérée” pendant le mois de septembre et au début octobre. La Banque centrale a pointé chez les opérateurs économiques “une incertitude grandissante du fait de la fermeture de l’administration et du débat sur la dette”.

Faute d’accord sur le budget fédéral pour le nouvel exercice, les agences gouvernementales américaines tournent au ralenti depuis le 1er octobre. Des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis en congés forcés sans solde, paralysant progressivement des pans entiers de l’activité.

En août 2011, lors d’une crise similaire, un accord politique avait déjà été scellé deux jours avant la date-butoir, et adopté définitivement par le Congrès à quelques heures seulement de l’heure limite.