La rigueur en Europe fait chuter l’aide européenne au développement

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érité en Belgique, le 30 septembre 2012 (Photo : Nicolas Maeterlinck)

[17/10/2013 05:50:52] Bruxelles (AFP) Les cures d’austérité administrées au Sud européen ont contribué à amputer l’aide au développement consentie par l’UE, retombée en 2012 à son niveau de 2007, selon un rapport publié jeudi par un collectif d’ONG européennes.

En 2012, les financements de l’UE au développement, de 50,6 milliards d’euros, ont représenté 0,39% de son revenu national brut (RNB), en baisse de 4% en un an, précise cette étude annuelle de Concord, qui regroupe 1.600 ONG européennes actives dans l’aide au développement.

Concord épingle 19 Etats membres qui ont réduit, ou fait stagner leurs contribution. Parmi eux la France, qui recule à son niveau de 2005 avec une enveloppe réduite de 4%.

La carte des pays moins généreux recoupe celle des plus frappés par la crise de la dette : l’Espagne a ainsi amputé son aide de 49%, l’Italie de 34%, Chypre de 26% et la Grèce de 17%.

Aucune embellie n’est à attendre pour 2013-2014, selon Concord, qui estime qu’au mieux, l’aide atteindra 0,43% du RNB.

A ce rythme, il manquera 36 milliards d’euros pour que l’UE honore en 2015 l’engagement d’une contribution totale de 0,7% de son RNB, qu’elle a contracté en 2005 dans le cadre des “Objectifs du millénaire pour le développement”.

En dépit de cet écart, “les dirigeants européens continuent de dire qu’ils tiendront leurs engagements, mais sans fournir d’éléments tangibles sur la manière dont ils comptent le faire”, souligne Concord.

Seuls le Danemark, le Luxembourg et la Suède ont déjà atteint, ou dépassé, l’objectif de 0,7%, et ils doivent être rejoints par le Royaume-Uni en 2013, précise le rapport.

“L’UE et les Etats membres doivent faire un effort substantiel” pour redresser la barre, “l’UE doit tenir ses promesses en dépit des difficultés économiques”, a abondé le commissaire européen au Développement, Andris Piebalgs, en réagissant à ce rapport.

“Les coupes (budgétaires) ne doivent pas coûter des vies”, a-t-il insisté, rappelant toutefois que l’UE restait “le premier donateur au monde”, fer de lance dans la lutte mondiale contre la pauvreté.

Concord estime en outre que 5,6 milliards d’euros comptabilisés par les Etats comme aide au développement n’ont en fait pas été assignés à cette fin, ramenant la contribution réelle de l’UE en 2012 à 45 milliards, soit 0,35% de son RNB.

Ces fonds, que Concord qualifie “d’aide gonflée” couvrent des annulations de dettes de pays pauvres, des aides aux étudiants étrangers et en faveur des réfugiés en Europe. Chypre et Malte y consacrent plus de la moitié de leur enveloppe totale, suivis par la Grèce et l’Autriche (autour de 26%) et la France (22%).

L’OCDE et la Commission européenne autorisent les pays à comptabiliser ces dépenses dans l’aide au développement, mais plusieurs y ont renoncé pour tout ou partie, dont le Luxembourg, le Royaume-Uni, le Danemark, la Finlande, la Suède et les Pays-Bas.