Le Premier ministre canadien Stephen Harper au G8 en Irlande du Nord, me18 juin 2013 (Photo : Ben Stansall) |
[17/10/2013 10:08:33] Bruxelles (AFP) Après plus de quatre ans de négociations, l’UE et le Canada doivent conclure vendredi un accord de libre-échange, qui pourrait servir de base dans les négociations engagées par les Européens avec les Etats-Unis en vue de créer la plus grande zone de libre-échange au monde.
Le Premier ministre canadien Stephen Harper rencontrera vendredi à Bruxelles le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, près de 48 heures après avoir annoncé la fin imminente des négociations pour établir un accord de libre-échange entre les deux blocs.
Une conférence de presse conjointe est prévue à la mi-journée.
“Nous allons bientôt terminer les négociations sur un accord commercial et économique avec l’Union européenne”, a annoncé mercredi soir le Premier ministre Stephen Harper aux élus de son parti. De son côté, M. Barroso a dit “espérer conclure rapidement” ses négociations sur son compte Twitter. Des déclarations qui tranchent avec la prudence affichée depuis le début de l’année.
La fin prochaine de ces négociations, amorcées en mai 2009 et que le Canada espérait initialement finaliser fin 2011, a souvent été reportée, les parties butant sur des contentieux agricoles comme la question des produits laitiers et l’ouverture du marché européen au boeuf canadien.
Pour nombre d’observateurs, le dossier canadien constituait une épée de Damoclès pour les négociations entre l’UE et les Etats-Unis, lancées en juillet et qui risquent elles aussi de buter sur des questions agricoles, comme les OGM et poulet chloré.
“Les Etats-Unis, c’est le Canada puissance 10”, rappelait, il y a quelques mois, une source gouvernementale européenne, alors que les discussions avec Ottawa s’enlisaient.
Le dossier s’est débloqué quand le Canada a accepté de doubler le quota de fromage européen admis sans droits tarifaires au Canada en échange d’un plus grand accès au marché européen pour les producteurs de boeuf canadiens, ont indiqué plusieurs sources.
Cet accord de principe doit maintenant être soumis aux gouvernements de chacune des dix provinces du Canada en vue de sa ratification finale.
Les deux parties doivent finaliser un accord global permettant aux sociétés canadiennes d’accéder à un marché de 500 millions de consommateurs. En contrepartie, le Canada éliminerait ses barrières tarifaires sur 98% de ses importations en provenance de l’UE.
“Les discussions se poursuivent au plus haut niveau”, indiquait-on jeudi à Bruxelles.
En 2011, le commerce entre le Canada et l’UE s’est élevé à environ 86 milliards d’euros, faisant de l’UE le deuxième partenaire commercial du Canada, loin derrière les Etats-Unis.
L’annonce de cette percée dans les négociations a toutefois provoqué le courroux de l’association des producteurs laitiers du Canada qui s’est prononcée contre un accord qui permettrait à l’UE de vendre plus de fromage au Canada, affirmant qu’elle bénéficiait déjà d’un quota très généreux.
“Cet accord remplacerait nos produits locaux par des fromages subventionnés de l’Union européenne et risquerait d’entraîner la fermeture de nos petites entreprises ou de nous chasser du marché. Cela est inacceptable”, a souligné le groupement.
Le porte-parole du ministre canadien du Commerce a réaffirmé l’engagement du gouvernement fédéral à protéger les secteurs agricoles régis selon le système de la gestion de l’offre.
“Notre gouvernement a été clair. Les trois piliers de notre système intérieur doivent rester intacts: le contrôle de la production, le contrôle des importations et celui des prix”, a-t-il dit.
Le chef de la première opposition à Ottawa, Thomas Mulcair, du Nouveau parti démocratique (NPD-gauche), a cependant dit craindre que M. Harper ne soit en train de laisser tomber les producteurs laitiers canadiens et a demandé au Premier ministre de rendre public le texte de l’accord.