à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[17/10/2013 17:37:39] Paris (AFP) Areva prévoit de céder sa filiale informatique Euriware et quelque 1.900 de ses employés au groupe français de services informatiques CapGemini, qui s’est engagé à maintenir les effectifs pendant deux ans.
Les deux groupes français ont annnoncé jeudi être entrés “en négociation exclusive”, selon un communiqué commun.
Areva, qui peinait à remporter des contrats avec sa filiale dans un modèle intégré et jugeait une externalisation préférable, avait informé en juin les syndicats d’Euriware d’un projet de cession.
Le choix de Capgemini, en compétition avec ses concurrents Atos et Steria, avait été révélé lundi par les syndicats d’Euriware au terme d’un comité central d’entreprise (CCE) exceptionnel.
“Avec la reprise d?Euriware, Capgemini renforcerait sa relation de long terme avec un grand groupe industriel, tandis qu?Areva pourrait s?appuyer sur un partenaire de référence pour l?accompagner dans la transformation de son système d?information et le développement de ses activités au niveau mondial”, font valoir les deux groupes.
Le projet a été présenté en conseil de surveillance d’Areva.
Environ 200 employés en charge du “contrôle-commande”, l’activité de pilotage hautement sensible des centrales nucléaires, resteront au sein d’Areva et ne sont pas concernés, a confirmé à l’AFP un porte-parole du groupe nucléaire.
Pour les autres, “il y a un maintien de l’emploi pendant deux ans qui est un engagement de CapGemini et une condition qu’avait fixée Areva”, qui exigeait un “projet socialement responsable”, a-t-il souligné.
Nouveau comité d’entreprise mardi
La CGT a dès mardi dénoncé des conditions sociales “inacceptables”, selon elle. Le maintien des emplois sera garanti pour deux ans “maximum”, avait affirmé le syndicat, tout comme le délai pour renégocier les statuts des salariés.
Euriware compte onze sites en France, dont les principaux sont à Saint-Quentin-en-Yvelines (environ 700 personnes), Cherbourg (500 dont une centaine non concernés par la cession), Chambéry (200), Lyon (150), Bagnols-sur-Cèze, Aix-en-Provence (une centaine chacun) ou encore Nantes-Carquefou (environ 60).
Aucun montant de cession n’a été communiqué par les parties, pratique habituelle en cours de négociations exclusives.
Dans un “flash” interne diffusé au sein d’Areva, le groupe avait expliqué en juin que le positionnement d’Euriware sur le marché ne permettait “plus d’assurer la pérennité des activités et des emplois” et que “le modèle d’une SSII intégrée à un groupe industriel comme Areva” avait “atteint sa limite”.
Dans le même temps, le patron d’Areva Luc Oursel avait déploré “un manque de compétitivité” de la filiale “face à une concurrence qui s’est durcie” mais avait démenti être “à la recherche de cash”, alors que le groupe a déjà dépassé son objectif de cessions via un plan d’économies lancé fin 2011.
Ce mouvement, s’il se concrétisait, confirmerait encore la prédominance du modèle d’externalisation des services informatiques.
“Aujourd’hui nous n’avons pas d’informations très complète sur la volonté réelle de Capgemini de développer l’activité”, s’est inquiété Laurent Saulnier (CFDT).
“Nous allons rester mobilisés pour demander des garanties en termes d’emploi et de sécurité du nucléaire et de sécurité informatique des logiciels qui restent chez Euriware”, a-t-il déclaré à l’AFP.
“Pour nous, la vente n’est toujours pas faite et on se battra pour qu’elle ne se fasse pas”, a pour sa part fait valoir Thierry Achaintre, délégué CGT.
Les syndicats ont obtenu “une réunion tripartite à Bercy avec Luc Oursel et Bernard Cazeneuve au cours de laquelle nous présenterons notre projet alternatif”, a-t-il ajouté.
Un CCE extraordinaire doit avoir lieu mardi au cours duquel “Capgemeni présentera son projet de reprise d’Euriware”, précise le syndicaliste.
Areva, détenu à 87% par l’État, compte 46.500 salariés dans le monde, dont près de 28.000 personnes en France. De son côté, Capgemini emploie plus de 20.000 salariés en France.