Livres : la grande distribution conjugue papier et numérique

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Une librairie (Photo : François Guillot)

[18/10/2013 12:57:37] Paris (AFP) Malgré les déboires des enseignes Virgin ou Chapitre, la grande distribution multiplie les investissements dans la vente de livres, en tablant sur le numérique tout en renouvelant son offre en magasins.

La semaine dernière, Carrefour présentait “Nolim”, sa plateforme de téléchargement d’ouvrages avec liseuse compatible.

Plusieurs de ses concurrents l’ont précédé depuis le printemps à l’instar de Système U avec “UCulture”, site de vente en ligne comprenant un espace de téléchargement de livres et un autre pour la commande d’ouvrages papier à retirer en magasin, ou de Leclerc, qui s’est lancé en avril dans la vente d’ebooks.

“Nous croyons fortement que l’offre numérique de livres est complémentaire, et non concurrente, de la vente en magasins et que l’une viendra enrichir l’autre et non la cannibaliser”, estime Emmanuel Rochedix, directeur Culture France chez Carrefour.

Le distributeur, qui vend chaque année 11 millions d’ouvrages, estime que la lecture numérique “correspond à une nouvelle tendance de consommation” des livres en France, mais qu’elle ne remplacera pas pour autant l’ancienne.

Afin de “démocratiser” la lecture numérique, Carrefour propose également dans son rayon librairie, une liseuse, en partenariat avec le fabricant français Bookeen, avec un premier prix (69,90 euros) inférieur à celui de ses principaux concurrents sur le marché français, Kindle d’Amazon et Kobo de Fnac.

Malgré tout, assure-t-il, son espace librairie “physique”, qui peut atteindre 13.000 références, ne sera pas pour autant réduit, et sera même enrichi dans certaines catégories comme les mangas ou les polars.

Leclerc lui non plus ne voit pas le livre numérique tuer la version papier. “Le papier reste en France le c?ur du marché, puisqu’on y réalise encore quasiment 100% des ventes. Le numérique, même s’il possède un beau potentiel, reste aujourd’hui embryonnaire”, explique Hugo Belit, responsable national de ses espaces Culturels.

Pour Système U, l’offre numérique est même conçue pour compléter celle en magasin: une sélection d’ouvrages “plus pointus ou spécialisés” sera proposée, alors que le magasin sera plutôt centré sur une lecture “plus grand public”.

“Service supplémentaire”

“Loin de réduire le rayon livre, l’offre internet viendra le renforcer en offrant un service supplémentaire”, affirme Frédéric Jacquot, responsable de la filière culture chez Système U.

Car, malgré leur nouvel appétit pour le numérique, les Français demeurent fortement attachés au livre papier, revendiqué par 88% d’entre eux, selon une récente étude Edilivre.

Ces initiatives interviennent paradoxalement alors que les faillites de chaînes culturelles, comme Virgin en France ou Borders aux États-Unis, se multiplient.

Dernièrement, le libraire français Chapitre a mis en vente ses 57 magasins, touché lui aussi par la crise du marché du livre dans l’Hexagone.

En 2012, les ventes de livres se sont repliés de 3,2% en volumes et de 1,7% en valeur, selon GfK.

Côté grande distribution, malgré le recul global du non-alimentaire du fait de la crise, le rayon librairie semble résister. Ses ventes apparaissent “globalement stables”, pour Carrefour et Auchan et même en progression “significative” chez Système U, tandis que les espaces culturels Leclerc progressent de 7 à 8%.

“Les livres restent plus que jamais pour nous un rayon stratégique”, souligne M. Jacquot.

Les enseignes parient sur le fait que la lecture numérique, qui a démarré avec retard en France, pourrait exploser dans les prochains mois.

En effet, selon GfK, en 2012, les Français se sont massivement équipés en matériels de lecture numérique, via l’explosion des ventes de tablettes, mais aussi de liseuses, dont le nombre a doublé l’an dernier. Leur “potentiel reste élevé” et on pourrait ainsi en compter 1 million d’ici fin 2013, estime François Klipfel, directeur général adjoint chez GfK Consumer Choices.

Côté téléchargement, 2 millions de fichiers ont été achetés l’an dernier, générant une progression de 80% du chiffre d’affaires de ce secteur, qui représente 0,6% du marché total du livre aujourd’hui. Il pourrait atteindre les 3% à l’horizon 2015, selon GfK.