Le réseau associatif “Ahna Nebniouha” (Nous bâtissons la Tunisie) vient de lancer “un appel à tous les Tunisiens et toutes les associations, pour se mobiliser et empêcher l’exploitation du gaz de schiste en Tunisie”.
Dans un entretien avec l’agence TAP, Esma Mdelgi, coordinatrice du réseau, a souligné “l’urgence de manifester pour empêcher l’exploitation du gaz du schiste en Tunisie” annonçant que “deux sit-in seront observés à cet effet, le samedi 19 octobre courant, à partir de 10h30 devant Bab El Jalladin, à Kairouan, et le mardi 22 octobre, à partir de 10h à Gammarth”, afin “de remettre le problème du gaz de schiste au cœur du débat et forcer les autorités compétentes à prendre les dispositions nécessaires pour son interdiction définitive”.
Mme Mdelgi a précisé que le sit-in du 22 octobre coïncidera avec l’organisation du sommet “Gas & oil North Africa”, prévu du 22 au 24 octobre à Gammarth.
“A travers notre sit-in, nous espérons adresser un message clair de résistance et de détermination aux représentants des compagnies pétrolières”, a-t-elle fait savoir.
Gravité des impacts environnementaux de la fracturation hydraulique
Dans ce contexte, la coordinatrice a souligné “la gravité des impacts environnementaux des techniques utilisées (fracturation hydraulique) pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste ainsi que les conséquences désastreuses sur les ressources en eau déjà précieuses, sur la santé et la biodiversité des êtres vivants, sur la qualité de l’air, de l’eau et du sol, sur la disponibilité des terres pour l’agriculture et sur la stabilité sismique”.
A l’occasion de la deuxième édition de la journée mondiale contre la fracturation hydraulique, organisée le 19 octobre 2013, “Global Frackdown2 day”, le réseau “Ahna Nebniouha”, demande “à l’assemblée nationale constituante et au gouvernement de geler immédiatement, les opérations d’exploration et de forage du gaz de schiste qui utilisent la technique de fracturation hydraulique et l’annulation du permis octroyé à SHELL, dans le gouvernorat de Kairouan ou dans toute autre région, ainsi que l’interdiction de tout type de forage et d’exploration nocif pour l’environnement et en particulier le permis octroyé à la société PERENCO qui exploite le gaz de schiste dans le gouvernorat de Kebili”, a indiqué Mme Mdelgi.
“Nous appelons également l’ANC à établir le cadre juridique interdisant définitivement, l’utilisation de techniques nocives pour l’environnement de façon générale, l’expérimentation, l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste ou tout autre type de ressources non conventionnelles, de façon spécifique outre la création d’une commission neutre composée de représentants d’associations environnementales, d’experts tunisiens indépendants, de députés de l’ANC et de représentants des ministères concernés (ANPE, agriculture) chargés d’étudier les demandes relatives à l’octroi de permis d’exploration et de forage de ressources non conventionnelles ainsi que des grands projets industriels sur la base de leur impact sur l’environnement”, a t-elle ajouté.
Il s’agit également, d’après le réseau, “d’appliquer le décret-loi n° 2005-1991 du 11 juillet 2005, relatif à l’étude de l’impact sur l’environnement à laquelle est soumis tout équipement ou tout projet industriel, agricole ou commercial dont l’activité est génératrice de pollution, de revoir les lois de protection de l’environnement, de la santé ainsi que le code minier”.
“La Tunisie, qui a signé et ratifié des protocoles internationaux de protection de l’environnement, en particulier celui de Kyoto sur le réchauffement climatique doit s’engager à réduire ses émissions de gaz à effets de serre, le gaz de schiste (méthane) ayant un coefficient de réchauffement très élevé ainsi que les composés organiques volatils, issus des liquides de fracturation”, a souligné la coordinatrice du réseau.
Mme Mdelgi a fait remarquer que “l’exploitation du gaz de schiste en Tunisie est susceptible d’hypothéquer l’avenir environnemental du pays à l’heure où la plupart des pays de l’Union Européenne ont banni la fracturation hydraulique et encore récemment la France de façon définitive ainsi que certains états des USA et du Canada qui l’ont interdite temporairement ou définitivement”.
A noter qu’à la veille de deuxième édition de la journée mondiale contre la fracturation hydraulique du 19 octobre 2013, la banque africaine de développement (BAD) a présenté un nouveau rapport sur les multiples opportunités du gaz de schiste en Afrique ainsi que les nouvelles techniques de son exploitation qui pourraient, selon elle, offrir à l’Afrique des perspectives économiques.
Créé le 12 octobre 2013, le réseau associatif “Ahna Nebniouha” a pour objectif de fédérer les associations qui ont la volonté de s’impliquer dans le combat pour la protection de l’environnement, la conservation et la gestion durable des ressources naturelles.
Rappelons qu’une étude de la BAD encourage la Tunisie et d’autres pays africains à exploiter le gaz du schiste (Energie : La BAD encourage l’exploitation du gaz de schiste en Afrique).