Le colonel major retraité et expert militaire a déploré, vendredi soir, sur le plateau de la chaîne privée Nessma Tv, l’absence d’une stratégie cohérente de lutte contre le terrorisme et esquissé, à la hâte, les principes et contours d’un plan devant aider à contenir, à court terme, ce fléau et à l’éradiquer, à long terme.
Globalement, il estime que la lutte contre le terrorisme en Tunisie n’est plus, hélas, au stade moins coûteux de la prévention mais à celui plus onéreux du traitement curatif.
Avant d’évoquer les grandes lignes de sa stratégie, le colonel a rappelé cette évidence historique: le terrorisme n’est pas nouveau en Tunisie. Le pays en a connu dans le passé. Pour mémoire, l’acte terroriste le plus proche et le plus sanglant a été la fusillade dramatique qui a eu lieu, au village de Soliman (banlieue sud de Tunis), en 2007, entre l’armée nationale et des membres du groupe djihadiste «Assad Ibn El Fourat». Bilan officiel: 14 morts dont un policier et un militaire.
Depuis, la Tunisie a connu, grâce à la vigilance des unités de sécurité et à la prévention un répit jusqu’à l’arrivée au pouvoir, en 2011, des nahdhaouis et l’émergence de nouveau du fléau terroriste, avec l’implantation au mont de Chaambi d’un nouveau groupe armé de 30 à 40 membres, baptisé «unité Okba Ibn Nefaa», et l’assassinat de plusieurs gendarmes et militaires, une dizaine dont huit ont été égorgés.
Les experts militaires étaient, à l’époque, unanimes pour estimer que si ce groupe avait été éradiqué dans les temps, cela aurait dissuadé les terroristes à récidiver dans aucune autre zone du pays. Malheureusement, l’éradication n’a pas eu lieu et le pire est arrivé. D’autres groupes armés se sont manifestés à Ghardimaou, à Touiref et Goubellat (nord-ouest).
A l’origine de la recrudescence des actes terroristes, il y a certes le laxisme d’un gouvernement complice mais surtout l’absence d’une stratégie cohérente pour faire face à la situation.
Mokhtar Ben Nasr en propose une…
A court terme, il prône, face au terroristes, «l’union sacrée» de tous les Tunisiens sans distinction aucune, l’extrême vigilance de l’armée et du reste des forces de sécurité et la réactivation de la loi 2003 sur le terrorisme.
A moyen et long termes, il propose un plan en plusieurs points. Il s’agit, en gros, d’élaborer une stratégie de lutte globale multidimensionnelle impliquant sur un pied d’égalité, les politiques, les médias, l’armée, la gendarmerie, la police, les structures de développement, les hommes de culture, les magistrats …
Dans le détail, la stratégie propose le rejet de toute négociation avec les terroristes, de ne pas distinguer entre le terroriste et celui qui fournit la logistique, de développer les capacités des forces anti-terroristes et de les doter de la puissance nécessaires en moyens et en équipements.
Pour ce faire, il pense que la communauté nationale doit accepter que le budget destiné à la lutte contre le terrorisme soit conséquent, c’est-à-dire à la mesure des sacrifices à consentir, des risques à encourir en cas de tolérance du terrorisme et des enjeux à relever.
La stratégie du colonel major Mokhtar Ben Nasr suggère d’assainir les sphères et pépinières qui favorisent le terrorisme. Parmi celles-ci, il a cité les poches de pauvreté, les zones marginalisées, le chômage, la contrebande…
Cette même stratégie fait une mention spéciale de l’intérêt qu’il y a pour la Tunisie de s’imbriquer dans un réseau diplomatique antiterroriste à même de l’aider à surmonter, en cas de besoin, les difficultés rencontrées.
Et pour ne rien oublier, le colonel a indiqué que sa stratégie est inspirée d’expertises internationales qui ont donné des résultats positifs dans d’autres cieux où le terrorisme a prévalu…