Le concept de “Souk Ettanmia“ a commencé par porter ses fruits. Certains de ses projets sont entrés en exploitation. Ces projets pilotes constituent un test concluant pour la formule adoptée par Souk Ettanmia. Ils peuvent être repensés dans le cadre d’une stratégie nationale qu’on peut étendre à de nombreuses niches agricoles. C’est une passerelle non négligeable pour le développement régional inclusif grâce à l’essaimage.
La ferme thérapeutique de Sidi Thabet a accueilli la semaine dernière des invités de marque pour un événement qui pourrait avoir un impact national.
Ayant bénéficié d’un financement dans le cadre de Souk Ettanmia, la ferme tenait son challenge avec la mise en route d’un poulailler bio. L’investissement a été réalisé dans les délais et sans dépassement de coût. Le business plan semble, jusque-là, respecté à la lettre. C’est un parcours sans faute garanti grâce au parrainage de la ferme.
Martin Leach, chef de mission MENA du département du développement international (DFID) du Royaume-Uni, a fait le déplacement pour la circonstance. Il était accompagné de Hamish Cowel, ambassadeur de Grande-Bretagne, et des cadres de la BAD.
Il faut rappeler que l’Angleterre et la Banque africaine de développement figurent parmi le panel des bailleurs de fonds de l’initiative de Souk Ettanmia.
Nous considérons que le poulailler bio, qui fait partie de la liste des 71 projets sélectionnés, peut constituer un spécimen pour bâtir une stratégie nationale d’investissement dans les produits agricoles de niche. Le retour sur investissement peut se révéler de haut niveau si on sait l’encadrer avec professionnalisme. Quelles pistes peut-on explorer?
Des expériences d’essaimage
Les financements de Souk Ettanmia se rapprochent beaucoup de concepts qui nous sont familiers, tels le fonds 21-21 ou le FONAPRA. En l’occurrence les projets sont souvent parrainés par des entreprises déjà en activité et qui tentent des niches de diversification. Il s’agit, sans le nommer, d’une forme d’essaimage.
La ferme thérapeutique de Sidi Thabet a accueilli le projet du poulailler bio, comme en rapport de concession. De la sorte, elle lui offre tous les services annexes qui pourraient faire défaut à un particulier. Ce compagnonnage est un gage de succès et on le voit sur terrain. Toutes les non-valeurs sont supportées par la ferme et l’enveloppe de financement est strictement affectée à la réalisation du schéma d’investissement.
Le projet ne souffre donc d’aucune déperdition et son planning de réalisation ne subit aucun retard. Suprême confort avec une telle assistance, le régime de croisière est atteint d’entrée de jeu, c’est-à-dire que le projet est rentable dès le premier jour. Et c’est là toute la clé du mystère.
Sidi Thabet : une entreprise souche pour les Groupements d’intérêt économique
De visu, nous avons pu constater que le projet du poulailler bio est un projet qui ne souffre d’aucune des tares chroniques qui étouffent la plupart des petits projets et qui les font trébucher avant leur mise en exploitation. Ceux-là ratent le coche et s’étranglent par les charges sans parvenir à carburer à plein régime. Désormais, en s’adossant au projet pilote de Sidi Thabet, on peut attaquer des projets de niches à l’infini.
Celui des œufs et poulets bio peut être dupliqué à profusion. Les terres domaniales peuvent en accueillir à satiété. Dès lors, on peut envisager de les regrouper en GIE (Groupement d’intérêt économique) de sorte à les doter d’une capacité de distribution allant jusqu’à se frayer un chemin à l’export.
S’agissant de produits bien valorisés, car de qualité, leur exportation serait juteuse. L’expérience peut être reproduite dans tous les domaines d’Etat où l’infrastructure est disponible et qu’on pourra optimiser à souhait pour ces produits fins, tel le miel ou les fromages, enfin tous les produits du terroir, y compris les produits d’artisanat rustique.
Souk Ettanmia a ouvert un pont en or pour l’agriculture tunisienne parce qu’il a prouvé que l’audace est payante.
Coup de chapeau pour la ferme de Sidi Thabet dirigée par un staff féminin, motivé, enthousiaste et sans être habité par la cupidité n’en est pas moins conscient des exigences de rigueur managériale. Elles tiennent là une piste précieuse de l’or vert. Ah, le jackpot!