ères (Photo : Philippe Huguen) |
[22/10/2013 06:10:22] Paris (AFP) La FNSEA, syndicat majoritaire du monde agricole, sonne mardi la mobilisation “générale et nationale” contre l’écotaxe qui pénaliserait durement un secteur en difficulté et particulièrement la Bretagne en crise, du fait de son excentrage.
Face à ce nouvel impôt hérité du Grenelle de l’environnement, qui s’appliquera à partir du 1er janvier, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles ne voit qu’une issue, “c’est l’ajournement”, a déclaré dimanche son président Xavier Beulin.
“La situation économique ne permet pas aujourd’hui d’en rajouter aux taxes et impôts divers” qui pèsent sur les exploitations agricoles, a estimé M. Beulin sur Europe 1.
La compréhension est d’autant plus forte, complète le secrétaire général de la Fédération Dominique Barrau, que seuls les produits français paieront le prix fort puisque la France fait cavalier seul en la matière.
“Certains produits franco-français vont passer cinq fois sous les portiques contre une seule pour les produits importés”, qui paieront à leur arrivée sur le territoire à la descente d’avion ou de bateau, fait-il valoir à l’AFP.
Une volaille sera taxée entre l’élevage et le centre d’allotement (les lots à l’achat) puis vers l’abattoir, le centre de conditionnement, de nouveau jusque chez le grossiste et enfin jusqu’à l’étal et le consommateur.
“Et vous pouvez rajouter encore l’acheminement de l’alimentation” complète-t-il.
Le Syndicat des industriels de la nutrition animale (Snia) pressentait déjà en septembre “une ponction de 15 millions d’euros pour une filière en difficulté” en raison du coût des matières premières.
Ce sont donc les portiques et autres équipements électroniques installés pour enregistrer et facturer les poids lourds qui seront visés par la mobilisation. “Une bonne bâche agricole pour les recouvrir”, lâche M. Barrau qui n’envisage pas de violences ni de destructions.
‘Une usine à gaz dont on aurait pu se passer’
La FNSEA mise sur le soutien des transporteurs, très remontés eux-aussi, des 3.000 coopératives de Coop de France et sur les industries de l’alimentaire, confie-t-il.
Coop de France estime que l’écotaxe génèrera un surcout de 50 centimes/tonne par éleveur, en additionnant chaque transport. Pour en avoir le coeur net, l’organisme a lancé une vaste enquête auprès de ses adhérents et examinera mardi les premières remontées du terrain, a déclaré à l’AFP Rachel Blumel, directrice du Département Chaînes alimentaires.
ée, à Paris (Photo : Pierre Andrieu) |
Selon elle, pour empêcher un éventuel report de trafic sur leurs petites routes, des communes ont déjà pris des arrêtés barrant la voie aux poids lourds, “ce qui les contraindra à des détours de plusieurs dizaines de kilomètres”.
Dans un entretien lundi au quotidien Le Télégramme de Brest, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a refusé de se prononcer sur “une annulation ou un report” de l’impôt qui s’appliquera aux 10.000 km de nationales et voies express dispensées de péage et aux 5.000 km de départementales ou communales.
Il rappelle que “le Premier ministre a demandé au préfet de région d’engager une concertation avec les entreprises pour examiner les conséquences de la mise en ?uvre de l’ecotaxe” et fait valoir les aménagements de ce nouvel impôt déjà pris pour la Bretagne, dont la “position péninsulaire a été prise en compte avec une réduction de 50 % de cette écotaxe”.
Mais Xavier Beulin relève que le gouvernement annonce 15 millions d’euros d’aides à la Bretagne et “s’apprête à en reprendre 200 millions avec l’écotaxe: ça rentre et sort de la même poche”, note-t-il.
“C’est une usine à gaz dont on aurait pu se passer”, juge-t-il, alors qu’ensemble, agriculture et agroalimentaire comptent pour 15% des emplois en France.
Or, selon l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), le “secteur agroalimentaire français traverse une des crises les plus graves de son histoire”: cette année, “5.000 emplois risquent de disparaître et 350 entreprises vont mettre la clé sous la porte”.