Industrie cherche désespérément soudeurs formés

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é sur un chantier maritime (Photo : Patrik Stollarz)

[22/10/2013 07:01:27] Paris (AFP) Ils façonnent des tuyaux de gaz, des pièces d’avion ou encore des rambardes: l’industrie cherche, en vain, des milliers de soudeurs. Plus qu’une crise des vocations, ce cas non isolé de “pénurie” durable soulève la question de la formation professionnelle, bientôt réformée.

La France comptait 40.000 soudeurs en 2011, selon le ministère du Travail. Mais 3.000 manquent à l’appel, estime l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), jusqu’à 6.000, selon le cabinet de recrutement Randstad. Une pénurie ancienne, aggravée par le vieillissement de la profession.

Or, le CAP soudeur a été fermée par l’Education nationale en 1988.

Ce métier figure en bonne place sur la liste dressée par le ministère du Travail pour le “plan de formations prioritaires”, dont devraient bénéficier 40.000 demandeurs d’emploi d’ici la fin de l’année.

“On souffre d’une idée fausse selon laquelle il n’y aurait plus de travail dans l’industrie. Mais les métiers du futur sont déjà là”, estime Françoise Diard, responsable du pôle emploi de l’UIMM, qui ajoute à la liste des métiers “en tension” celui de chaudronnier ou encore d’usineur.

“Il ne s’agit pas de postes fantômes: 60% des commandes qui viennent des entreprises, je n’arrive pas à les pourvoir. Il y a un décalage complet entre ce qu’on peut produire en France et les gens qu’on peut emmener sur le marché”, témoigne Laurent Duverger, manager du centre expert Randstad.

“Pourtant dans 100 ans, on aura toujours besoin de tuyaux de gaz, de rails, de rambardes! En plus, le soudage est particulièrement intéressant car il est facilement accessible d’un point de vue technique”, ajoute M. Duverger, qui organise depuis six ans un championnat pour faire connaître ce métier.

Côté salaires, “on débute 10-15% au-dessus du Smic et un maestro de la soudure atteint 2.000 euros nets par semaine”, dit-il.

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é sur un chantier maritime (Photo : Patrik Stollarz)

Selon M. Duverger, “pour sauver des emplois, certaines entreprises en arrivent à se substituer à l’Education nationale et aux organismes de formation, c’est un problème”, surtout quand ce sont des PME et que “leurs salariés sont ensuite débauchés par les grands groupes”.

Trop dur, trop sale, trop dangereux: le métier souffre aussi d’a priori, alors que les technologies et les conditions de travail ont “beaucoup évolué”, estime Jean-Michel Meirhaeghe, de l’Institut de soudure.

300 candidats pour 11 places en formation

Mais du côté des demandeurs d’emploi, on se bouscule à certaines formations. Pour les 11 places d’un stage de 4 mois financé par le Conseil régional de Rhône-Alpes avec embauche à la clé à Saint-Priest (Rhône), l’Institut de soudure a reçu 300 candidatures.

Alexandre Doucet fait partie des heureux élus: “C’est un travail minutieux, valorisant, pas répétitif”, décrit cet ex-chômeur de 20 ans. “Ensuite, on peut aller dans plein d’entreprises, dans plein de pays et il y a des perspectives d’évolution”, se réjouit-il.

Le taux de retour à l’emploi des formations dispensées depuis dix ans par l’Institut de soudure, qui s’élève à 97%, fait rêver. A la sortie, on s’arrache les 200 chômeurs formés annuellement.

“On serait prêt à doubler l’accueil des demandeurs d’emploi, mais on a l’impression que tout va au ralenti”, dit M. Meirhaeghe. A ses yeux, le système de formation professionnelle, dont la réforme doit être présentée à la fin de l’année, est “une usine à gaz, avec un champ de dispositifs pas fléchés et de multiples financements dont trop peu vont vers les demandeurs d’emploi”.

A l’Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), on s’alarme de la baisse des volumes de formation,”entre 30 et 60%”, pour les métiers de l’industrie en tension.

“Soudeurs, usineurs, chaudronniers, techniciens de maintenance: ce ne sont pas des niches, mis bout à bout, cela représente de gros volumes d’emploi”, estime Christophe Donon, directeur de la stratégie de l’AFPA, qui appelle à “une régulation” nationale de l’offre de formation, faute de quoi certaines pourraient “disparaître complétement”.