é plus âgé, le 25 mars 2013 dans une entreprise de Mitry-Mory (Photo : Fred Dufour) |
[22/10/2013 14:48:24] PARIS (AFP) Au vu du lent décollage des contrats de génération, le gouvernement a appelé mardi les organisations patronales et syndicales à multiplier les accords pour que les moyennes entreprises, où se trouve “le potentiel”, se saisissent du dispositif pour recruter des jeunes en CDI.
Ardemment défendu par François Hollande pendant sa campagne malgré les critiques (effets d’aubaine, complexité), y compris dans son propre camp, le dispositif répond à une “belle idée”: favoriser à la fois l’intégration des jeunes et le maintien dans l’emploi des seniors.
Pour les entreprises de moins de 300 salariés, il ouvre droit à une aide (4.000 euros par an pendant trois ans) pour l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans en CDI, à condition de garder un salarié de plus de 57 ans.
Aux plus grandes, il impose des mesures pour l’emploi des seniors et l’intégration des jeunes, sous peine de sanction financière.
Le premier “bilan d’étape” dressé mardi par le ministère – à l’occasion d’une troisième “réunion de mobilisation pour l’emploi” depuis la conférence sociale de juin – est maigre. Dans l’entourage de Michel Sapin, on reconnaît que “ça va trop lentement”.
L’objectif de 75.000 embauches de jeunes en CDI (et autant de seniors maintenus dans l’emploi) d’ici à fin mars et 500.000 en cinq ans reste “une référence budgétaire” mais “ne veut pas dire grand chose (…) car il est compliqué d’additionner des réalités aux formes différentes”, avance-t-on désormais.
Malgré la carotte, seulement 12.802 demandes d’aides à l’embauche ont été enregistrées par l’administration, dont 650 déposées par des entreprises de 50 à 300 personnes. Près de 11.500 ont été à ce jour acceptées, selon des informations obtenues par l’AFP. Dans 20% des cas, le jeune embauché était auparavant en alternance.
7 accords de branche seulement
“Satisfaisante” dans les petites entreprises, la montée en charge est très “insuffisante” dans les entreprises moyennes, juge le ministère.
Dans ces entreprises de 50 à 300 salariés, au nombre de 25.000, l’aide est conditionnée à un accord avec les syndicats, plan d’action ou accord de branche. Ce verrou posé pour limiter les effets d’aubaine, s’avère bloquant.
Seuls sept accords de branche, auxquels les entreprises pourraient facilement se raccrocher, ont été à ce jour signés (couvrant 2,5 millions de salariés sur 17 millions), 17 autres sont en négociation. “Le mouvement doit s’accélérer. Il n’y a aucune raison que des accords ne puissent pas se faire dans toutes les branches”, s’impatiente le ministère.
Au sein de la majorité, les doutes s’expriment sans détour: “ce dispositif n’aura pas d’impact sur l’emploi”, explique à l’AFP un député socialiste. Pour beaucoup d’entreprises, “même avec l’aide, l’engagement de trois ans est un pari trop risqué”, ajoute-t-il.
Dans celles de plus de 300 salariés, non éligibles à l’aide, la négociation d’accords sur l’emploi des jeunes et des seniors porte en revanche selon ce député “une petite révolution intéressante”, en faisant de la gestion des âges et de la transmission des compétences des sujets de “négociation”.
Mais elle se développe à pas lents également. Moins du quart (environ 1.000 entreprises sur 4.500) s’étaient acquittées de leur obligation au 30 septembre, la date butoir inscrite dans la loi, repoussée de “quelques semaines” par le ministre.
Selon le ministère, “les premiers accords conclus, qui portent sur des milliers de recrutements, laissent augurer de perspectives très positives”. Dans 64% des cas, les engagements ont fait l’objet d’un accord négocié avec les syndicats, note-t-il avec satisfaction en insistant sur “la grande diversité” des contenus.
Dans les petites et moyennes entreprises, les 18-21 ans, qui “auraient moins eu accès au CDI sans le contrat de génération”, représentent 40% des jeunes embauchés, et 63% des jeunes embauchés avaient un niveau inférieur au bac, met aussi en avant le ministère pour tenter de rééquilibrer le bilan.