La révolution, au concret, nous a tous pris de court pour avoir tourné court, elle-même. Qu’est-ce qu’on aimerait la zapper! Ce n’est pas exagéré d’y voir un mauvais tour, une supercherie de l’histoire.
Il y a des événements que vous aimeriez marquer d’une pierre blanche, au moment où ils se réalisent, parce qu’on y associe une grande dose d’espoir. Le 23 octobre 2011 est de ceux-là. Le temps passe et les rêves s’évanouissent. La patience s’use et les mauvaises surprises assaillent le quotidien. La lassitude s’installe et c’est le désenchantement national. Après tout, cette révolution, le peuple s’y est investi. Par quel miracle se retourne-t-elle contre lui avec ses lots de détresse, de misère et d’insécurité? C’est à se demander s’il n’existe pas de malédiction révolutionnaire.
L’avalanche des contreperformances
Jamais le pays n’est tombé aussi bas. Ah! Le premier risque du continent se trouve destitué et relégué en arrière, humilié. Quelle terrible tête à queue. C’est comme si on se mettait à marcher à reculons.
Naguère premier de la classe, le pays a tout simplement été sorti de l’écran radar de la compétition internationale. En 2012, le rapport Davos nous a littéralement «effacés» de son classement. Tunisie? «Inconnue au bataillon!» Quel dépit, la descente aux enfers est insupportable. Et quand le forum de Davos nous réinitialise, on a une image brouillée, parasitée, barbouillée et déconsidérée. Nous étions en course pour la “short list“’ du Doing business. Nous nous retrouvons à la rubrique de l’“informel“, du “commerce illégal“, et nos entreprises sont épinglées pour “ingouvernance“ de leurs directoires.
La dégradation par les agences de notation
Il faut rappeler qu’en 1996 le pays avait mérité du grade “investisseur“ à l’occasion de sa première notation souveraine. En 2013, nous sommes dans les strates risquées celles réservées aux Républiques aléatoires et incertaines des tropiques et des Etats du Sahel et de l’Afrique profonde.
Vivre à crédit, c’était nullement imaginable il y a à peine trois ans. A présent, on se fait refouler par les institutions multilatérales. La BAD nous claque le guichet au nez. Or, c’est chez nous que cette institution financière africaine a choisi de se localiser temporairement quand elle a quitté son siège d’Abidjan après un benchmarking qui nous a mis en compétition avec tous les pays africains, et c’est nous qui avions accueilli la célèbre institution. Aujourd’hui, on est emprunteur non grata.
La BM nous toise de haut. Nous ne semblons pas avoir les pronostics du FMI non plus. Lui aussi, avant de bourse délier, scrute, observe et hésite. Le pays a mangé son crédit. Quand on s’est présenté à Deauville en 2011, nous avions les faveurs des pronostics. Les puissants de la Terre nous créditaient d’un potentiel de reengineering de notre modèle économique. A l’heure actuelle, nous n’avons même pas de planification, et le pays vit pour la première fois de nos annales économiques sans plan quinquennal de développement.
Le glas sonne pour des fondamentaux en décomposition
Le 23 octobre 2011, on nous avait annoncé que le “Dream government“ de l’histoire du pays s’empare des commandes. Le résultat est affligeant, deux ans plus tard. Les diplômés du supérieur connaissent un taux de chômage record de 32%. Le budget est grevé de 63% d’augmentation. L’endettement caracole aux environ du taux de 50%. L’inflation galope à 6% environ, le dinar traîne les pieds à 2,2 contre euro. L’économie prend l’eau de toutes parts.
Il n’est inscrit nulle part que la révolution doit affamer les siens? Alors qui tire les ficelles de l’incompétence et surtout à quelles fins?