Cette 4e et dernière partie s’intéresse toujours à la déstructuration systématique de la République, mais sur le double plan social et moral.
Au prime abord, soulignons que le mandat de la Troïka a été marqué par un nombre impressionnant de sit-in et de grèves légales et non réglementaires. Il ressort de statistiques officielles que les entreprises tunisiennes ont connu, en 2012, 11.284 actions de contestations de toutes sortes et 27.557 depuis le 14 janvier 2011.
Les partis au pouvoir, particulièrement, Ennahdha, ont toujours fait assumer à la centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la responsabilité de la contestation. Ses gourous comme Habib Ellouz et Chourou, constituants, ont appelé à sévir contre les sit-inneurs et grévistes et suggéré même de leur couper les mains et les pieds.
Point d’orgue de la protestation sociale, le déclenchement de plusieurs grèves générales dont deux à l’occasion des assassinats des leaders Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Exacerbée par ces contestations sociales, Ennahdha a riposté par des actes violents. Ses milices s’autoproclamant «Ligues de protection de la révolution» ont sauvagement attaqué le mardi 4 décembre 2012 les syndicalistes au siège national de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Cette attaque est intervenue alors que l’UGTT s’apprêtait à commémorer le jour même le 60ème anniversaire de l’assassinat de son fondateur, le leader syndical Farhat Hached.
Plusieurs syndicalistes dont des membres du bureau exécutif de l’UGTT avaient été blessés. Ces agressions préméditées avaient alors sonné comme des représailles, quelques jours seulement après le succès de la grève générale appelée par l’UGTT à Siliana et le soulèvement qui l’a suivi dans cette région. En effet, le gouvernement s’en est pris à l’UGTT l’accusant d’inciter à la violence.
Mais au fur et à mesure que le temps passe, la Troïka a été convaincue qu’elle ne peut rien en s’attaquant au symbole de la lutte des travailleurs et a décidé de composer avec la centrale dans les limites du possible. Elle a même accepté, après l’assassinat de Mohamed Brahmi, de participer à son initiative sur le dialogue national.
Au plan moral, trois scandales méritent d’être signalés sous le mandat de la Troïka. C’est le cas de la jeune fille violée par deux policiers alors qu’elle était accompagnée de son copain. Le deuxième cas est celui de la petite fille qui a été violée par le gardien de la maternelle et surtout le silence observée au début de l’affaire par la ministre de la Femme, Sihem Badi (CPR).
Et enfin, le djihad nikah. Le scandale d’une centaine de filles qui s’étaient rendues en Syrie pour se donner aux djihadistes islamistes au nom du Djihad, et ce conformément à des fatwas de prédicateurs tunisiens et même de députés nahdhaouis dont Habib Ellouze.
L’ensemble de ces drames ont beaucoup ému les Tunisiens et avivé leur hostilité à l’endroit d’Ennahdha en raison de sa tolérance vis-à vis des salafistes djihadistes moyenâgeux à l’origine de tous ses malheurs.