Dans le flou politique, l’Allemagne croit en son rebond économique

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ösler, le 23 septembre 2013 à Berlin (Photo : Oliver Lang)

[23/10/2013 12:06:46] Berlin (AFP) Berlin a affiché mercredi une confiance accrue dans la capacité de la première économie européenne à surmonter dès 2014 son récent trou d’air, malgré le flou entourant le futur gouvernement, en cours de négociations.

“L’économie allemande est de nouveau sur une solide courbe de croissance”, a résumé le ministre sortant de l’Economie Philipp Rösler, en plein exercice de défense de son bilan et sans avenir gouvernemental puisque son Parti libéral (FDP) a échoué à entrer au Parlement.

Pour 2013, Berlin continue de tabler sur une progression du produit intérieur brut (PIB) du pays de 0,5%. En revanche, sa prévision pour 2014 a été légèrement relevée pour 2014, à 1,7%, contre 1,6% attendu jusqu’alors.

Les dernières prévisions gouvernementales dataient d’avril, quand le pays sortait à peine d’un hiver long et froid qui a paralysé nombre d’activités et laissait la croissance complètement à plat sur le début de l’année.

La plupart des prévisions économiques concernant l’Allemagne sont désormais sur la même longueur d’onde: celle d’un net rebond en 2014. En effet, le Fonds monétaire international (FMI) attend aussi une croissance de 0,5% en 2013 puis de 1,4% l’année suivante, tandis que les principaux instituts économiques allemands viennent de réviser les leurs à 0,4% pour cette année et 1,8% pour 2014.

Le ministère de l’Economie a confirmé ce qu’avaient déjà mis en avant les instituts, à savoir que le “pilier” de la reprise allemande se trouve désormais au sein même de ses frontières et non plus dans l’exportation comme c’était encore le cas il y a quelques années. Dans une économie mondiale qualifiée “d’encore fragile”, l’Allemagne devrait bien davantage augmenter ses importations que ses exportations.

“Le moral des entreprises allemandes est bon, elles investissent de manière accrue dans l’équipement et la construction. L’emploi et les revenus continuent d’augmenter sensiblement et renforcent la consommation privée”, a souligne M. Rösler.

Les récents baromètres du moral tant des consommateurs, des investisseurs que des entrepreneurs allemands ont tous en effet évolué positivement.

Selon un sondage récent de la fédération des chambres de commerce et d’industrie (DIHK), un quart des 28.000 entreprises interrogées prévoient d’investir davantage et presque 500.000 créations d’emplois sont en projet.

Le marché du travail allemand devrait ainsi rester jalousé pour sa résistance, avec de nouveaux records du nombre de personnes travaillant et parallèlement un nombre de chômeurs restant en dessous de la barre symbolique des 3 millions. Quant au taux de chômage, il devrait redescendre à 6,8% en 2014, son niveau de 2012, après un petit soubresaut cette année.

“Il reste à espérer que le futur gouvernement fasse en sorte que l’économie allemande réussisse toujours aussi bien dans les prochaines années”, a lancé M. Rösler, grand perdant des élections législatives du 22 septembre.

Faute de pouvoir reconduire leur coalition gouvernementale avec leur allié libéral, les conservateurs d’Angela Merkel commençaient précisément ce mercredi des négociations sur un éventuel programme de gouvernement avec les sociaux-démocrates (SPD).

Les deux parties ont dit espérer un gouvernement avant Noël. Faute d’accord, l’Allemagne s’acheminerait vraisemblablement vers de nouvelles élections.

Parmi les points de dissensions figurent l’établissement d’un salaire horaire minimum national de 8,50 euros et la hausse de certains impôts pour financer des investissements. Ces mesures phare du programme social-démocrate soulèvent sans surprise l’ire des entrepreneurs et des libéraux, qui agitent le spectre d’une retombée de la croissance.

Si prompt à mettre en avant l’équilibre retrouvé de ses finances publiques, Berlin ne devrait pas se départir de sa politique de consolidation budgétaire. Mais un nouveau gouvernement de coalition pourrait lâcher un peu de lest en matière d’investissements, les infrastructures du pays en ayant notamment cruellement besoin, et alors “soutenir un peu la croissance”, estimait Sylvain Broyer, économiste chez Natixis.

Mais “ce ne sera pas de la relance. Comme ils demandent aux pays périphériques et à la France de respecter leurs engagements européens en matière budgétaire, il leur est difficile d?aller dépenser les deniers publics”, a-t-il récemment expliqué à l’AFP.