Les investissements directs étrangers (IDE) améliorent le bien-être des pays de l’Afrique du Nord, mais cet impact diffère d’un pays à un autre. C’est le principal résultat d’une étude élaborée par l’universitaire Issouf Soumaré et présentée, mercredi 23 octobre à Tunis.
L’universitaire, qui dirige le laboratoire d’ingénierie financière à l’université Laval au Quebec (Canada), s’est basé dans son analyse sur deux indicateurs pour la mesure du bien-être des pays, à savoir l’indice de développement humain (IDH) et le PIB par tête d’habitant.
L’effet positif des IDE sur le bien-être a été prouvé, selon les deux indicateurs, pour tous les pays objets de l’étude (Tunisie, Maroc, Algérie, Mauritanie, Libye et Egypte), a indiqué M. Soumaré à l’occasion d’une conférence sur “le rôle des IDE sur le bien-être des pays de l’Afrique du Nord”, tenue à l’initiative de la Banque africaine de développement (BAD).
En théorie, l’effet positif des IDE est reflété sur le bien-être des populations à travers, principalement, le rythme de création d’emplois, l’amélioration du revenu par tête d’habitant et le transfert des technologies et des connaissances, a indiqué M. Soumaré. Cependant, les résultats de l’étude ont montré que la relation entre les IDE et le bien-être des populations ne se matérialise pas de la même manière dans tous les pays, en raison notamment de la concentration des IDE sur certains secteurs par rapport à d’autres, a expliqué l’expert.
Tunisie: Dominance des IDE dans l’énergie
Pour la Tunisie, les IDE sont focalisés essentiellement sur les secteurs de l’énergie, du gaz et de l’eau, a soutenu M. Soumaré. En Algérie, les IDE sont concentrés principalement dans le secteur de la construction, et le sont dans le pétrole en Egypte et en Mauritanie, alors qu’au Maroc la part du lion dans les IDE revient au secteur des services et du tourisme.
L’analyse n’a pas donné de résultats significatifs concernant la Libye, faute de disponibilité de données, a relevé M. Soumaré.
Selon l’expert, les IDE dans l’agriculture, l’éducation et les industries manufacturières sont quasiment absents, dans les pays objets de l’étude et ce, malgré leur forte contribution à la croissance et la réduction de la pauvreté, selon ses propos. Il recommande, à cet effet, de mettre en place des politiques orientant les IDE vers le secteur primaire, d’assurer une meilleure redistribution des revenus pour améliorer le bien-être des population, à travers notamment l’amélioration de la qualité des institutions et du système de gouvernance dans ces pays.
Les pays d’Afrique du Nord doivent, a-t-il dit, optimiser les ressources provenant des IDE. M. Soumaré évoque, par ailleurs, les effets négatifs des IDE, citant essentiellement la concurrence pratiquée par les entreprises étrangères sur le marché local avec pour corollaire une destruction d’emplois. A cet effet, il a appelé les pays receveurs d’IDE à mettre en place des politiques qui défendent, en priorité, les intérêts des entreprises locales.
Un certain nombre de commentaires ont été avancés par les participants à la conférence concernant essentiellement l’analyse de l’origine des IDE et la crédibilité des données utilisées pour le calcul de l’indice de développement humain.
WMC/TAP