Russie : les charges contre l’équipage de Greenpeace ont été réduites

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étenus en Russie, le 18 octobre 2013 à Moscou (Photo : Kirill Kudryavtsev)

[24/10/2013 08:10:01] Moscou (AFP) La Russie a annoncé mercredi avoir réduit de “piraterie” à “hooliganisme” les charges retenues contre les membres de l’équipage d’un navire de Greenpeace détenus après l’abordage d’une plateforme pétrolière, mais cette nouvelle qualification a aussitôt été rejetée par l’organisation écologiste.

Moscou a par ailleurs décidé de boycotter le procès au tribunal international du droit de la mer, saisi par les Pays-Bas après l’arraisonnement en septembre de l’Arctic Sunrise, un navire de Greenpeace battant pavillon néerlandais.

Les enquêteurs “ont pris la décision de requalifier en hooliganisme” les actions de l’équipage du navire de l’organisation écologiste, selon un communiqué du Comité d’enquête russe.

Le Comité d’enquête a ajouté qu’ils étaient poursuivis pour avoir agi en groupe et de “s’être servis d’objets comme d’armes”.

En vertu de la loi russe, les membres de l’équipage de l’Arctic Sunrise, arraisonné fin septembre en mer de Barents après que certains d’entre eux eurent abordé une plateforme pétrolière russe, risquaient jusqu’à 15 ans de prison pour piraterie. Le hooliganisme est punissable de sept ans de prison au maximum.

Des membres de l’équipage avaient tenté de déployer sur la plateforme pétrolière une banderole dénonçant les risques écologiques liés à l’extraction du pétrole.

Greenpeace a jugé mercredi “disproportionnées” les nouvelles accusations: les militants détenus “ne sont pas plus des hooligans que des pirates”, a fait valoir Vladimir Tchouprov, du bureau russe de l’organisation. “Ils devraient être libérés immédiatement”, a-t-il réclamé dans un communiqué.

L’accusation de hooliganisme est loin d’être anodine en Russie: c’est le chef d’accusation qui avait été retenu contre les trois femmes du groupe Pussy Riot, condamnées en août 2012 à deux ans de camp de travail pour avoir chanté début 2012 une “prière punk” contre Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

L’une des trois jeunes femmes a depuis été libérée, mais Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, qui ne veulent pas se reconnaître coupables, se sont vu refuser toute libération anticipée.

Les 30 membres de l’équipage – issus de 18 pays, notamment de Russie pour quatre d’entre eux – ont été placés en détention à Mourmansk, dans le nord-ouest de la Russie.

L’accusation de “piraterie” initialement retenue contre eux avait surpris par sa sévérité étant donné que le président Vladimir Poutine avait lui-même reconnu que si les militants écologistes avaient “violé la loi internationale”, ils n’étaient pas, “à l’évidence, des pirates”.

Les autorités russes ont annoncé mercredi qu’elles boycotteraient le procès au tribunal international du droit de la mer, à Hambourg (Allemagne), saisi par les Pays-Bas.

Par ailleurs, Moscou “rejette” la procédure judiciaire d’arbitrage, également entamée par La Haye, dans le cadre de laquelle la Russie et les Pays-Bas doivent nommer des arbitres chargés de trouver une issue au différend lié à l’Arctic Sunrise.

Ces déclarations interviennent sur fond de tensions apparues entre la Russie et les Pays-Bas depuis la brève interpellation début octobre d’un diplomate russe à La Haye.

En 1997, lors de la ratification de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, la Russie avait déjà déclaré qu’elle “n’acceptait pas les procédures de règlement des différends (…) concernant les droits et la juridiction souverains des parties, prévues dans la Convention”, rappelle le ministère.

La situation avec le navire de l’ONG écologiste relève de la juridiction souveraine russe, car “les militants de Greenpeace (…) ont violé la législation russe sur la zone économique exclusive et le plateau continental”, précise le communiqué.

“Toutefois, la Russie reste ouverte à un règlement de cette situation”, a souligné le ministère.

Greenpeace a qualifié de “positive” l’apparente volonté de Moscou de régler ce différend, tout en soulignant que la Russie “ne pouvait pas choisir quelles dispositions de la Convention sur le droit de la mer elle appliquerait”.

La Russie a fait du développement de l’Arctique, une immense zone regorgeant de ressources en hydrocarbures qui n’a pour l’instant pas encore été exploitée, une priorité stratégique. Greenpeace dénonce pour sa part des risques décuplés pour un écosystème particulièrement fragile.