électricité (Photo : Damien Meyer) |
[24/10/2013 11:58:33] Paris (AFP) Un tiers des Français (34%) disent avoir eu des difficultés à payer leur facture d’énergie ces trois dernières années, selon un sondage publié jeudi par le mensuel 60 Millions de consommateurs qui analyse le phénomène comme n’étant “plus” seulement “un problème de pauvres”.
Cette difficulté est plus marquée pour les locataires (43%) et les personnes aux revenus modestes (52% des personnes vivant dans des foyers avec moins de 1.500 euros par mois), selon cette étude réalisée par Mediaprism.
Mais “on voit bien que le chauffage, l’énergie, n’est plus un problème de pauvres, mais que c’est quelque chose qui a tendance à s’étendre dans l’ensemble de la société”, a analysé Thomas Laurenceau, rédacteur en chef du magazine de défense des consommateurs, lors d’une conférence de presse.
“C’est un phénomène qui n’avait peut-être jamais été mesuré aussi précisément et risque d’augmenter”, ajoute-t-il.
Le gouvernement et diverses études ont déjà identifié qu’un peu plus d’un Français sur dix pouvait être considéré comme “précaire énergétique”, c’est-à-dire qu’il consacre à l’énergie plus de 10% de son revenu.
ère (Photo : Pierre Andrieu) |
Mais ce sondage montre que la facture est un poids difficile pour près de trois fois plus de ménages.
“On est au-delà du cadre des précaires énergétiques, ces 10, 12, 14% considérés comme précaires”, souligne M. Laurenceau.
Un coût des travaux dissuasif
Les personnes qui se chauffent au fioul (tiré du pétrole) sont ceux qui se disent le plus en difficulté, avec près de 45% de sondés en délicatesse avec leur facture. Un phénomène qui pourrait s’expliquer par le fait que le remplissage de cuve donne lieu à une facture unique très lourde et non lissée comme l’électricité ou le gaz.
L’énergie est aussi, de loin, le poste de dépenses qui selon les personnes interrogées a le plus augmenté en trois ans. Une grande majorité (84%) estime que le budget alloué à ce poste a augmenté, et de “beaucoup” pour 57%.
Plus de 94% des sondés déclarent d’ailleurs faire attention à leur consommation d’énergie pour des raisons avant tout financières, la motivation environnementale n’entrant en ligne de compte que pour 50%.
Mais moins d?un Français sur deux (43%) a déjà réalisé des travaux pour faire des économies d?énergie, et ce sont principalement les plus aisés (hauts revenus, propriétaires) ou ceux vivant dans des logements réputés énergivores (maison, logement ancien) qui ont franchi le pas.
électricité (Photo : Denis Charlet) |
“Tout le monde finalement a acquis les petits gestes quotidiens, mais au fond le vrai travail à faire c’est les travaux d’économies d’énergie et là il n’y a plus que la moitié des Français” qui s’y mettent, a noté M. Laurenceau.
Le statut d?occupation du logement et les coûts très élevés font souvent obstacle à la réalisation de tel travaux: près de 50% des répondants ne se lancent pas parce qu’ils sont locataires, et un tiers parce que c’est trop cher. Les propriétaires sont principalement freinés par le coût.
“On se retrouve avec cette espèce de fracture énergétique avec les propriétaires qui ont les moyens, qui n’auraient parfois même pas besoin des aides de l’Etat, et les autres qui ne font rien, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens, soit parce qu’ils manquent d’information”, résume le rédacteur en chef de “60 Millions”.
Le gouvernement vient de lancer une grande campagne, “J’éco-rénove, j’économise”, afin de doper le nombre de rénovations énergétiques de logement. L’objectif est de les tripler d’ici 2017 pour atteindre les 500.000 rénovations annuelles visées par François Hollande, un objectif très ambitieux que le précédent exécutif s’était lui aussi fixé, sans succès.
“C’est vraiment ça l’enjeu, c’est que les économies d’énergies soient vraiment pour tout le monde”, souligne M. Laurenceau.
L’étude Mediaprism montre d’ailleurs que près des deux-tiers des Français (65%) jugent que le gouvernement n’est pas “concerné” par la problématique des prix de l’énergie.
Le sondage a été réalisé en ligne du 27 août au 4 septembre auprès d’un échantillon de 1.002 individus représentatifs de la population française, selon la méthode des quotas.