Aulnay-sous-Bois, le 25 octobre 2013 (Photo : François Becker) |
[25/10/2013 09:18:26] Aulnay-sous-Bois (AFP) L’usine PSA Peugeot-Citroën d’Aulnay-sous-Bois a sorti vendredi matin sa toute dernière voiture de la chaîne, une Citroën C3 gris clair, avant une fermeture définitive du site en 2014.
La fermeture de l’usine de Seine-Saint-Denis, ouverte en 1973, était la mesure la plus emblématique du plan de restructuration du groupe automobile annoncé en juillet 2012, qui supprime au total 8.000 emplois en France, dont 3.000 à Aulnay.
“Nous avons sorti la dernière voiture à 07H00”, a indiqué la direction du site à l’AFP. “Elle a quitté le montage”.
“C’est symbolique car à Aulnay, ça fait des mois qu’on ne fait plus de production. Cette voiture est le symbole de notre savoir-faire”, a relevé le syndicat indépendant de l’automobile (SIA, majoritaire à Aulnay), dans un tract distribué aux salaries qui embauchaient, peu après 6H00.
Vers 07H00, le comité d’établissement a conduit la C3 sans enjoliveurs ni plaques au milieu de l’immense atelier où de nombreuses machines ont déjà été démontées, a constaté un journaliste de l’AFP, le seul présent dans l’usine.
Là où le CE organisait par le passé la distribution des cadeaux après les tombolas, une centaine d’ouvriers ont pris la pose, les uns après les autres, devant un photographe, pour immortaliser le moment. Certains y voyaient une façon de se remémorer plus tard “la fierté” du travail accompli, d’autres ont confié à l’AFP être “tristes” de voir ce grand hall vide.
Après ultimes coup de chiffon et contrôles de qualité, la dernière voiture peut être considérée comme terminée, a indiqué à l’AFP Tanja Sussest, délégué du SIA. Baptisée “Citroën C3 Héritage”, elle sera achetée par le conservatoire de la marque Citroën, qui devrait rester à Aulnay.
Aulnay-sous-Bois, le 25 octobre 2013 (Photo : Eric Piermont) |
L’usine continuera de produire des pièces détachées à effectifs réduits jusqu’à la fermeture définitive en 2014, dont la direction refuse pour l’heure de préciser la dateLe gouvernement Hollande avait dans un premier temps jugé “inacceptable” le plan qui prévoit aussi 1.400 postes en moins à Rennes, et critiqué violemment la gestion de PSA, mais il n’a pu empêcher que l’usine ferme ses portes, plus de 20 ans après celle de Renault à Boulogne-Billancourt.
Corbillard
“J’aurais dû m’habiller en noir pour suivre le corbillard”, plaisantait, mi-figue mi-raisin, Tahar, vendredi dans l’usine. “Ca fait quelque chose au ventre même pour un petit nouveau comme moi avec 11 ans de maison”, a-t-il dit, avant de se laisser prendre en photo devant la voiture.
Aulnay Jean-Pierre Mercier, devant les journalistes, le 25 octobre 2013 (Photo : Eric Piermont) |
Le site, qui a été paralysé par une grève entre janvier et mai, a rapidement commencé à se vider après la signature du plan social en mai: des salariés sont partis par centaines, reclassés en interne, vers un autre employeur ou avec une prime exceptionnelle de fin de grève.
Selon la direction, neuf salariés sur dix, “c’est-à-dire 2.700 personnes du site, sont reclassés ou en cours de reclassement” et “moins de 300 personnes ne se sont pas encore manifestées”. Mais selon les syndicats, un millier de salariés attendent tous les jours encore sur le site de savoir quand et où ils vont pouvoir partir.
La phase de départs volontaires du plan social se termine le 31 décembre. Commencera ensuite une phase contrainte, pendant laquelle la direction doit proposer des reclassements en interne, avant l’envoi des premières lettres de licenciement le 1er avril.
“Nous proposerons une solution à chaque salarié”, avait garanti le patron du groupe Philippe Varin.
Sur le site de 170 hectares, PSA a promis de créer 1.500 emplois en implantant d’autres entreprises. Jusqu’ici, seule l’arrivée d’IDLogistics (540 emplois) semblait assurée, mais selon la direction quatre groupes industriels “à haute valeur ajoutée” pourraient également s’implanter, créant un peu plus de mille emplois à horizon 2020.
Au total, le groupe PSA Peugeot-Citroën, qui a enregistré une perte abyssale de 5 milliards d’euros en 2012, veut supprimer 11.200 emplois en deux ans face à l’effondrement des ventes en Europe.
Et comme les perspectives restent déprimantes, un accord de compétitivité, baptisé “nouveau contrat social”, a été signé jeudi. PSA s’engage à maintenir ses cinq sites (hors Aulnay) en France d’ici à 2016 et à augmenter sa production en contrepartie d’une modération salariale et d’une plus grande flexibilité dans l’organisation du temps de travail.