Mongolie : les coups de pouce de la diplomatie aux entreprises françaises

50d3c5d92c50f0726f831a8966a9689680c49166.jpg
çais des Affaires étrangères Laurent Fabius et son homologue Luvsanvandan Bold, le 26 octobre 2013 à Oulan-Bator (Photo : Byambasuren Byamba-Ochir)

[27/10/2013 15:58:12] Oulan-Bator (AFP) La visite de Laurent Fabius en Mongolie, marquée par la conclusion de plusieurs accords dont un dans le nucléaire, illustre le soutien de la diplomatie française aux entreprises, à la satisfaction des patrons saluant des coups de pouce salutaires.

“Un voyage comme celui-ci a un rôle de catalyseur très important pour nous, c’est l’occasion d’avoir des rendez-vous, cela permet d’accélérer, d’amplifier certaines relations. Ce sont des moments importants”, a expliqué à l’AFP le PDG d’Arianespace Stéphane Israël qui venait de rencontrer, en compagnie de M. Fabius, le Premier ministre mongol Norovyn Altankhuyag.

Une quinzaine de chefs d’entreprise accompagnait le ministre français des Affaires étrangères vendredi et samedi à Oulan Bator.

Même écho du côté du PDG de ThalesAlenia, Jean-Loïc Galle. “Pour une visite de deux jours, c’est une visite fructueuse, parce que l’on rencontre les différents acteurs qui interviennent sur le projet espace”, a-t-il souligné. Les autorités mongoles souhaitent acquérir deux satellites, l’un de télécommunications, l’autre d’observation de la Terre.

Les trois acteurs français de l’industrie spatiale, MM. Israël, Galle ainsi que François Auque, PDG d’Astrium, étaient réunis à Oulan Bator, Astrium et ThalèsAlenia se positionnant sur les satellites, ArianeEspace proposant une solution de lancement avec Ariane 5.

“Nous sommes en phase de discussions”, a affirmé M. Israël.

En revanche, au cours de la visite, le groupe nucléaire Areva a conclu un partenariat stratégique pour exploiter deux gisements d’uranium dans le désert de Gobi (sud-est) avec le mongol Mon-Atom et le japonais Mitsubishi. L’accord couronne plus de dix ans de prospection en Mongolie du groupe français mais il est resté incertain jusqu’au dernier moment.

La veille de la signature, un groupe anti-nucléaire mongol “Pour une Mongolie sans danger nucléaire” avait dénoncé l’imminence d’un “accord secret avec le ministre français des Affaires étrangères”.

3687b244fc3775edf1439cbef48c500dcbcdf08c.jpg
çais des Affaires étrangères Laurent Fabius et le président mongol Elbegdorj Tsakhia à Oulan-Bator, le 26 octobre 2013 (Photo : Byambasuren Byamba-Ochir)

Jusqu’à la dernière minute, le suspense a été entretenu. Samedi, la presse avait été conviée au ministère des Affaires étrangères pour assister à la signature d’accords bilatéraux par M. Fabius et son homologue Luvsanvandan Bold. Les deux ministres se sont ensuite dirigés vers une salle de conférence où s’est déroulée la cérémonie de signature du partenariat, toujours en présence des journalistes.

Laurent Fabius a admis ensuite que les discussions en amont avaient été délicates en raison du “caractère sensible” de l’uranium et des craintes des populations pour l’environnement, qu’il faudra prendre en compte, a-t-il souligné. Une recommandation qu’il a dit avoir transmise au PDG d’Areva Luc Oursel qui a signé le partenariat.

M. Bold avait averti que la future coopération nucléaire devait se dérouler dans le “respect du principe de sécurité et de respect de la nation mongole”.

L’accord intervient dans un contexte de méfiance entre les autorités mongoles qui redoutent une mainmise étrangère sur les ressources du pays et le groupe minier anglo-australien Rio Tinto qui exploite des mines de cuivre. M. Fabius y a fait allusion.

“Une erreur de virgule”

Le ministre a assuré que Paris souhaitait “avoir un partenariat exemplaire avec cette belle démocratie qu’est la Mongolie”. “La France mise sur la réussite mongole”, a-t-il dit, lors de l’inauguration d’une petite école française.

Plusieurs accords de coopération ont été signés dans les domaines agricole, culturel, des sports et du tourisme, ainsi qu’en matière notariale et de visas et Paris s’est vu accorder le statut convoité de “3e voisin”. Oulan Bator cherche à diversifier ses relations et être moins dépendante de ses deux puissants voisins, Russie au nord, Chine au sud.

Vendredi, le groupe énergétique GDF Suez a conclu un protocole d’accord pour la construction d’une centrale thermique à Oulan Bator avec le mongol Newcom. En espérant concrétiser “avant la fin de l’année”, Denis Simonneau, membre du Comité exécutif de GDF Suez, s’est aussi félicité des “coups d’accélérateur” apportés par la diplomatie.

Dressant le bilan de son séjour, Laurent Fabius a jugé qu’avec la Mongolie, “le partenariat, tout d’un coup, a changé de braquet. On est parti pour faire un très bon chemin ensemble”.

Sa visite est intervenue juste après celle du gouverneur général du Canada David Johnston et celle de son homologue britannique Willam Hague à la mi-octobre. “C’est un vrai défilé de personnalités ici”, a commenté un Français vivant en Mongolie.

Le pays a de quoi fasciner avec ses importantes richesses en minerais (uranium, or, cuivre, charbon) et un taux de croissance de 12,4% en 2012. “On se demande s’il n’y a pas une erreur de virgule”, s’est exclamé Laurent Fabius.