Après un an et demi de lutte, Veolia et EDF vont se partager Dalkia

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Le logo de Dalkia (Photo : Samuel Kubani)

[27/10/2013 21:31:29] Paris (AFP) Veolia Environnement et EDF sont parvenus à un accord en vue de se répartir les actifs de Dalkia, leur coentreprise de services énergétiques au coeur d?un bras de fer depuis l?an dernier, a indiqué dimanche à l?AFP une source proche du dossier, confirmant une information de l?Agefi.

“EDF aura 100% de Dalkia France et Veolia aura 100% de Dalkia International”, a indiqué cette source, qui a requis l’anonymat, ajoutant que l’opération serait globalement neutre sur le plan financier pour les deux groupes.

Cet accord sera validé lundi par les conseils d’administration de Veolia et d’EDF, a également confirmé cette source, comme l’écrit le quotidien financier l’Agefi sur son site.

Ce schéma verra donc le géant de l’électricité EDF récupérer en totalité les activités françaises de Dalkia, dont il détient pour le moment 34% indirectement, via la coentreprise Dalkia Holding détenue à 66% par Veolia.

En échange, Veolia, le géant de l’eau et des déchets, va pouvoir contrôler à 100% les activités internationales de Dalkia, dont EDF possède actuellement la moitié des parts (directement et via Dalkia Holding).

Ce partage d’actifs va enfin permettre à Veolia et EDF de clore un contentieux qui empoisonnait leurs relations depuis un an et demi et ôter l’épée de Damoclès qui pesait sur les perspectives de leur filiale commune.

Dalkia, qui emploie 50.000 personnes dans une trentaine de pays, a réalisé un chiffre d’affaires de 8,9 milliards d’euros l’an dernier.

La coentreprise revendique la place de numéro un mondial des réseaux de chaleur (et de froid pour la climatisation), un secteur qui représente plus d’un tiers de son activité, et est également active dans deux autres domaines : la gestion de l’énergie des sites industriels et celle des bâtiments.

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ège de Veolia Environnement, à Paris (Photo : Eric Piermont)

EDF réclamait depuis deux ans le droit de grimper à 50% du capital de Dalkia France, en vertu d’une option d’achat remontant à son entrée au capital de Dalkia, en 2000, ce à quoi Veolia rétorquait que cette option avait expiré en 2005.

Alors qu?un accord semblait en bonne voie début 2012, une fronde infructueuse contre le patron de Veolia, attribuée à celui d?EDF Henri Proglio (lui même ancien PDG du géant de l?eau et des déchets) avait envenimé les relations entre les deux groupes, poussant EDF à saisir la justice pour tenter d’obtenir gain de cause.

Mais, après l?intervention d?un mandataire, obtenue par le patron de Dalkia Franck Lacroix, EDF et Veolia avaient déjà fait un premier pas vers une entente en février dernier, en acceptant d?injecter en commun 600 millions d?euros dans Dalkia International, qui menaçait d?être financièrement asphyxiée par la mésentente entre ses propriétaires.

Paix des braves

Cette paix des braves va ôter une épine du pied des deux groupes.

D?un côté, Veolia va pouvoir achever sereinement sa restructuration, en intégrant Dalkia à sa nouvelle organisation, dite “un Veolia par pays”, qui consiste à rapprocher ses différents métiers à l’international. Et au passage, récupérer les 400 millions d’euros annuels de bénéfice opérationnel dégagés par Dalkia International.

De l?autre, EDF (déjà en passe de racheter Citelum, la filiale d’éclairage public de Dalkia) va avoir les coudées franches pour se développer à fond dans les services énergétiques sur son marché domestique. Ce domaine intéresse de plus en plus les énergéticiens, notamment GDF Suez, principal concurrent d?EDF en France, très actif via sa filiale Cofely.

Entreprises, collectivités et copropriétés sont de plus en plus friands de tels services qui peuvent les aider à réduire leur consommation d?énergie, et donc à compenser la flambée des factures d?électricité et de gaz.

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à Flamanville, le 16 juillet 2013 (Photo : Charly Triballeau)

En outre, selon la source proche du dossier, M. Frérot avait proposé une telle solution l’an dernier, ce qui avait été refusé à l’époque par son homologue d’EDF, qui avait au contraire essayé de le convaincre de lui revendre ses parts dans Dalkia.

Mais “Antoine Frérot n’a pas lâché et Henri Proglio est désormais en campagne pour le renouvellement de son mandat (qui expire dans un an, NDLR), et cette solution va lui permettre de mettre ce problème derrière lui”, a avancé cette source.