Jeunes en “emplois d’avenir” : le pied à l’étrier, et après?

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Oise, le 17 mai 2013 (Photo : Fred Dufour)

[28/10/2013 09:26:11] Paris (AFP) Première bougie en novembre pour les emplois d’avenir: en un an, le dispositif a mis le pied à l’étrier de 75.000 jeunes peu qualifiés, mais alors que les premiers contrats arrivent à échéance, l’emploi durable reste le défi.

Au rythme de 500 nouveaux contrats par jour depuis la rentrée, le cap des 100.000 en 2013 et 50.000 de plus en 2014, sera atteint. “On va y arriver”, garantit le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Depuis les 12 premiers contrats signés le 8 novembre 2012 à Chelles (Seine-et-Marne) en présence du président François Hollande, et après un lent démarrage, le dispositif est devenu “un très grand succès”, constate avec satisfaction le ministre du Travail Michel Sapin.

Destinés prioritairement aux associations et collectivités, les contrats (CDD d’1 an minimum ou CDI) sont subventionnés à 75% pour le secteur non-marchand, 35% pour le secteur privé, pendant au maximum trois ans. Pour financer le reste du déploiement, 1,3 milliard d’euros ont été inscrits au budget 2014.

“L’écho est largement positif” et le ciblage sur les 16-25 ans peu qualifiés “a été respecté” (85% n’ont pas le Baccalauréat), a souligné la mission d’évaluation composée de députés de la majorité et de l’opposition.

La mission a néanmoins relevé quelques bémols: seule la moitié des contrats atteint trois ans ou plus, il existe de “grandes disparités” entre territoires et les signatures en zones sensibles, en progrès, n’ont rempli que la moitié de l’objectif (16% sur les 30% visés sur le total des contrats).

Maintenant, le volet “essentiel” de la formation doit monter en puissance, demande également le député PS Jean-Marc Germain, président de la mission.

Après la souplesse volontairement laissée au début, “il faut que le gouvernement soit ferme” et exige des “agendas de formation fixés au plus tard 6 mois après” le début du contrat, explique-t-il à l’AFP.

Les missions locales “sous tension”

Où en est-on? Dans le secteur non-marchand, 4 employeurs sur 10 ont promis d’aider leur recrue à accéder à une qualification. Au dernier bilan, fin septembre, près de 27.000 jeunes avaient “un engagement de formation confirmé”, selon le ministère.

“La formation, c’est majeur pour préparer l’avenir”, “globalement les employeurs jouent le jeu mais ils ont besoin d’être appuyés”, observe Annie Jeanne, la présidente de l’Association des directeurs de missions locales.

Or, au moment où cette tâche leur incombe, les missions locales sont “sous tension”, accaparées par la prospection de nouveaux contrats et les rendez-vous de suivi, prévient-elle.

Sur le terrain, accompagner les jeunes n’est pas toujours simple. Dans le Lot, au centre médicalisé de la Roseraie à Montfaucon, “les équipes sont un peu usées de former les jeunes”, témoigne Julie Cheyroux, chargée des ressources humaines.

L’établissement compte près d’une dizaine d’emplois d’avenir et a financé la préparation au concours d’aide-soignant de 5 jeunes, “une jeune fille a réussi”. Le centre a “par sécurité” conclu essentiellement des CDD d’un an. Le premier, signé le 10 novembre 2012, ne sera pas renouvelé, d’autres non plus. “Certains jeunes manquent de maturité. On a eu des soucis”, confie Mme Cheyroux.

Globalement, “la tendance est plutôt au renouvellement des contrats d’un an”, pronostique Mme Jeanne. Les CDD d’1 an représentent le tiers des contrats. “On y sera attentifs, tout le monde y a intérêt, jeunes comme employeurs”, promet Bernard Charles, élu lillois chargé du dossier pour l’Association des maires de France (AMF).

A Vernouillet (Eure-et-Loir), 12.000 habitants, la ville a elle aussi préféré des contrats d’un an mais le maire Daniel Frard entend bien “faire monter en compétence” sa “promo” de 12 jeunes “pour les préparer à assurer la relève” des agents qui partiront à la retraite.

“Être à 35 heures avec 1.200 euros a changé pas mal de choses”, raconte Youcef Guemri, le seul à avoir eu un CDD de trois ans. Pour ce jeune de 20 ans qui a lâché le lycée en classe de première et gère -seul- les ordinateurs de toutes les écoles, le plan de formation est bâti et l’avenir désormais tracé: “un diplôme de technicien réseau d’ici deux ans”.