à Shenzhen, en Chine (Photo : Aaron Tam) |
[29/10/2013 08:15:06] Sydney (AFP) Le géant chinois des télécommunications Huawei, accusé par Washington d’avoir pratiqué l’espionnage pour le compte de Pékin, va rester interdit d’entrée sur le marché australien de l’internet à haut débit, a annoncé mardi le gouvernement de Canberra.
En 2012, le gouvernement travailliste avait fait obstacle au dépôt par Huawei d’une offre pour le déploiement du réseau australien d’internet à bande large (NBN), craignant des risques d’attaques informatiques.
Le ministre de la Justice du nouveau cabinet conservateur issu des législatives de septembre a annoncé mardi que le Premier ministre Tony Abbott n’avait nullement l’intention de revenir sur cette décision.
“La décision du précédent gouvernement de ne pas autoriser Huawei à déposer une offre pour le NBN a été prise sur le conseil des agences chargées de la sécurité nationale”, a rappelé George Brandis dans un courrier électronique à l’AFP.
“Depuis les élections, le nouveau gouvernement a participé à plusieurs réunions avec ces agences (…). Aucune décision n’a été prise dans le sens d’un changement de cette politique”, a-t-il ajouté.
Le gouvernement ne fera par ailleurs aucun commentaire sur la nature des informations fournies par les services de renseignement.
Depuis 2012, Huawei a mené une intense campagne de lobbying à Canberra et George Brandis a été confronté à l’intervention de certains de ses collègues au gouvernement l’exhortant à infléchir sa position, selon le quotidien financier Australian Financial Review.
Le nouveau gouvernement australien a annoncé une “révision stratégique” du plan de déploiement du réseau à haut débit afin de réduire son coût à 29,5 milliards de dollars australiens (20 milliards d’euros).
Huawei espère bénéficier à cette occasion d’un assouplissement du gouvernement australien, à la recherche de partenaires financiers.
“Huawei prend acte de ce qu’aucune décision n’a été prise par le gouvernement concernant le NBN, dans l’attente des conclusions de la révision stratégique”, a indiqué à l’AFP un porte-parole du groupe.
Fondé par un ancien ingénieur de l’armée chinoise, Huawei s’est retrouvé au centre de controverses entre Pékin et Washington sur la sécurité informatique de ses équipements, en raison de ses liens supposés avec l’Etat chinois.
Le congrès américain a demandé l’an dernier que le groupe soit exclu des contrats publics, estimant que ses équipements pouvaient être utilisés à des fins d’espionnage par la Chine.
Huawei a démenti ces affirmations, jugeant qu’elles relevaient du protectionnisme.
L’Australie est gênée aux entournures car elle cherche à relancer les négociations sur un accord de libre-échange avec la Chine, son premier partenaire commercial. Tony Abbott a déclaré vouloir conclure les pourparlers d’ici un an.