à Castelnau-le-Lez, le 19 octobre 2012 (Photo : Boris Horvat) |
[29/10/2013 15:04:31] Paris (AFP) MedTech, le petit fabricant français du robot d’assistance chirurgicale ROSA, encore financièrement fragile, projette d’entrer en Bourse à la fin de l’année pour financer et accélérer son développement dans un marché florissant, mais dominé par les Américains.
La PME montpelliéraine a annoncé mardi avoir entamé sa première démarche officielle en vue de son projet d’introduction en Bourse sur le marché réglementé de NYSE Euronext à Paris avec l’enregistrement d’un document de base par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Ce projet d?introduction en Bourse vise “à accélérer la croissance de MedTech, investir dans la recherche et développement et attirer un maximum de talents”, explique à l’AFP son fondateur Bertin Nahum.
Cette “opportunité formidable”, qui vise à lever une vingtaine de millions d’euros, doit donner à la société “les moyens de démocratiser la chirurgie mini-invasive”, ajoute-t-il.
Cette entrée en Bourse pourrait bénéficier de sa récente médiatisation.
L’an dernier, l’ingénieur français avait été sacré “quatrième entrepreneur high-tech le plus révolutionnaire au monde” derrière les Américains Steve Jobs, Mark Zuckerberg et le Canadien James Cameron, par une revue canadienne.
Depuis, d’autres distinctions sont venues s’inscrire à son palmarès.
En mai, cet ingénieur de 43 ans formé à l’Insa à Lyon (France) et diplômé d’un Master de science de la robotique de Coventry University (Angleterre), s’est vu remettre par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, une médaille récompensant les objets technologiques innovants conçus en France.
MedTech a aussi reçu le prix de la “société européenne de l’année 2013 dans le domaine de la robotique en neurochirurgie” décerné par le cabinet de conseil Frost & Sullivan.
Cette cote médiatique, M. Nahum, qui détient à titre personnel 45% de MedTech, la doit à son robot baptisé ROSA.
Un diminutif bucolique (tiré de l’anglais robotized stereotactic assistant) pour ce robot “made in France” blanc paré de rose fuchsia, qui n?est pas un robot de téléopération avec lequel on réalise directement la chirurgie, mais qui assiste les médecins grâce à des systèmes de guidage.
Créée en 2002 à Castelnau-Le-Lez (Hérault), la société qui a mis au point en 2007 ce robot chirurgical en dispose désormais de 19 à l’oeuvre dans 8 pays -France, Espagne, Italie, Allemagne, Russie, Canada, Chine et Etats-Unis- et l’appareil a aidé à réaliser plus de 1.100 opérations pour traiter par exemple l’épilepsie ou la maladie de Parkinson.
70% à l’exportation
MedTech affiche d’autres ambitions en voulant élargir son champ d’intervention à la chirurgie de la colonne vertébrale avec le robot “ROSA Spine” dont la commercialisation doit démarrer fin 2014 en Europe.
“Les premières chirurgies assistées par ROSA Spine sur des patients ont été réalisées avec succès en septembre 2013”, affirme la PME.
L’obtention de la certification de l’agence américaine des médicaments (FDA) est attendue au second semestre 2015.
La PME qui a réalisé sur son dernier exercice un chiffre d’affaires de 1,8 million d’euros (dont 70% à l’exportation), mais qui a toujours été déficitaire, estime que ces deux activités représentent un marché potentiel de 2,5 milliards d’euros.
“En une dizaine d’années seulement, MedTech s?est imposé comme un acteur international dans le domaine de la robotique chirurgicale du système nerveux central”, souligne la société.
La société, qui emploie 20 personnes, a perdu 1,2 million d’euros en 2012-2013, mais s’appuie sur les établissements de santé français qui “sont de plus en plus nombreux à s’équiper de robots médicaux”.
“Le marché est en plein essor. Les études sont unanimes en la matière”, assure M. Nahum, qui vise à l’horizon 2016, une “vingtaine de millions (d’euros) de chiffre d’affaires”.
Et s’il n’y a qu'”une poignée de fabricants, presque tous américains”, comme le géant Intuitive Surgical ou General Electric, “leurs spécialités sont différentes des nôtres”, estime-t-il.
MedTech, dont les 55% de parts restantes sont répartis entre les cadres (15%) et trois fonds d’investissements français (Newfund, Soritec et Midi Capital) estime “ne pas faire face à un risque de liquidité à moyen terme”.
Sa trésorerie s’élevait à 247.000 euros au 30 septembre, selon le document de base enregistré à l’AMF.
Ces dernières années, plusieurs “medtechs”, notamment Carmat (autre pépite française du secteur), Mauna Kea, EOS imaging, Intrasense, ou encore Vexim et SpineGuard ont fait leur entrée en Bourse avec plus ou moins de succès.