ésident du syndicat des clubs pros, en compagnie du président de la FFF Noël Le Graët (c) et du président de TF1 Nonce Paolini le 15 août 2012 au Havre (Photo : Franck Fife) |
[31/10/2013 10:50:59] Paris (AFP) Les patrons des clubs de foot, qui menacent de faire grève contre la taxe à 75%, rencontrent ce jeudi le président François Hollande, mais leur cause semble perdue à en croire les messages de fermeté délivrés par l’exécutif.
Le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, s’est montré très explicite jeudi sur BFMTV: “Toutes les entreprises concernées par cette taxe doivent la payer, c’est le principe. Ce principe sera rappelé cet après-midi”.
Une déclaration de Jean-Marc Ayrault avait déjà donné le ton dans le quotidien russe Kommersant: selon le Premier ministre, “les Français ne comprendraient pas que le football soit exonéré” de la taxe à 75%.
“Dans ces moments difficiles, il est normal de faire davantage appel à la solidarité de ceux qui ont le plus de moyens”, souligne encore M. Ayrault qui entame jeudi une visite de deux jours en Russie.
Comment les clubs de foot professionnels ont-ils encaissé ces déclarations ? Si, mercredi soir, leurs espoirs avaient été clairement refroidis, selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP, ils gardaient encore un mince espoir officiellement jeudi matin.
M. Cazeneuve, qui va participer à l’entrevue à l’Elysée, a ajouté sur BFMTV: “nous verrons ce que les dirigeants du foot français diront et nous tirerons les conclusions après”.
“Porte ouverte à la discussion”
C’est cette dernière phrase de M. Cazeneuve qui fait croire au président du syndicat des clubs pros (UCPF), Jean-Pierre Louvel, interrogé jeudi matin par l’AFP, qu’il y a encore “une porte ouverte à la discussion”.
“Même si nous continuons à penser que cette taxe à 75% est une erreur, nous ne demanderons pas sa remise en cause mais quelles sont les possibilités pour l’adapter au foot, puisque les entreprises du foot sont différentes des autres, avec l’usage de CDD (les contrats des joueurs, ndlr)”, a ajouté jeudi M. Louvel.
Le football français, qui n’a plus connu de grève depuis 1972 – les joueurs voulaient alors faire reconnaître leurs droits contractuellement -, en arrivera-t-il alors à cette extrémité ? Une “journée blanche”, sans matches de L1 et L2 du vendredi 29 novembre au lundi 2 décembre inclus, est-elle possible ?
Le rendez-vous est fixé à 16h30 jeudi à l’Elysée entre le chef de l’Etat et les présidents de la Fédération et de la Ligue du foot, accompagnés de six présidents de clubs et d’un représentant de chacun des autres acteurs du secteur.
Jeudi, les patrons du foot ne vont pas demander le retrait du projet du loi, mais voudraient principalement négocier sa non rétroactivité. En clair, les clubs pourraient accepter le principe d’une taxation sur les “nouveaux contrats à durée déterminée (des joueurs)”, comme l’avait expliqué mercredi à l’AFP M. Louvel.
Problème de taille pour les clubs: Bernard Cazeneuve “ne souhaite pas que l’on fasse cela (des aménagements, ndlr)”, selon ses déclarations sur BFMTV.
Grève, le souvenir de Knysna
Selon un argumentaire du foot pro que s’est procuré l’AFP, cette taxe à 75% représenterait une charge totale de 44 millions d?euros pour la L1, estimation basée sur les hauts revenus d’environ 120 joueurs des 14 clubs concernés.
Et les patrons du foot français de mettre en avant la perte cumulée de 108 millions d’euros en 2011/12 pour les deux divisions (L1 et L2).
ée le 22 octobre 2013 à Paris (Photo : Michel Euler) |
Jusqu’ici tous les clubs professionnels, sauf un, celui de Guingamp, club longtemps présidé par M. Le Graët, qui fut également maire PS de la ville et est toujours proche du gouvernement actuel, ont affiché leur détermination dans le projet de “journée blanche”, mouvement qui serait abandonné en cas d’accord avec les pouvoirs publics (et prolongé à contrario).
Reste une inconnue: la réaction du public en cas de grève du foot, trois ans après la fameuse grève honnie des Bleus à Knysna, lors du Mondial 2010.
Le foot pro a brandi mercredi un sondage dévoilé par son syndicat, où 67% des Français estiment que ce n’est pas aux clubs de payer la taxe à 75% mais aux joueurs. Mais dans un mois, les réactions des supporters, s’ils sont vraiment privés de ballon rond tout un week-end, pourraient changer de nature.