Il aura fallu peu de temps, après les débuts chaotiques du Dialogue national, pour que les diverses parties qui le refusent commencent leurs actions pour torpiller l’agenda «du processus constitutionnel» dont dépend la réussite de toute la démarche… Ces cabales plus ou moins cachées viennent évidement de certains partis ayant déclaré leur refus du Dialogue, mais pas seulement, parce que derrière les façades il y a malheureusement d’autres facettes cachées!
Quand on entend Abderraouf Ayadi vociférer tout son fiel contre le Dialogue national accusant même Ennahdha d’avoir comploté pour empêcher l’adoption de sa «chère» loi sur la protection de la Révolution; quand on l’entend dire et répéter son refus de toutes les propositions du Dialogue national considérant qu’elles sont «imposées» à l’ANC, on ne s’étonne pas des manœuvres que nous avons observées depuis le retour des membres dissidents de l’ANC.
Le Mouvement Wafa a été à l’origine du retard de l’élection de Mourad Amdouni pour remplacer feu Mohamed Brahmi dans la composition du Comité de l’ISIE. Le parti Wafa a déclaré par ailleurs qu’il travaille à la constitution d’un nouveau bloc à l’ANC qui ne comptera pas moins de 40 membres selon certaines déclarations. Ce bloc épouse en fait les contours du rassemblement dit «des défenseurs de la légitimité» apparu lors de la crise de l’été dernier.
Comme par hasard, on y retrouve tous les anciens secrétaires généraux du CPR! Il y a là Ayadi lui-même mais également l’incontournable Mohamed Abbou et Imed Daimi -le dernier lieutenant de Moncef Marzouki- et ce avec d’autres évidemment comme les membres du bloc d’El Mahabba de Hechmi Hamdi et du bloc Liberté et Dignité et quelques indépendants spécialistes du «tourisme politique».
Ce bloc, dont l’annonce est prévue pour la semaine prochaine selon certaines sources, ne modifiera pas grand-chose dans l’architecture complexe qui est celle de l’Assemblée aujourd’hui. Cependant, les accointances pas du tout secrètes de ses membres avec une bonne partie des députés d’Ennahdha laissent planer un doute sur les motivations et les dessous de toutes ces cabales. La majorité des membres du nouveau bloc ont conjointement signé, avec des députés «faucons» d’Ennahdha, le fameux texte de « Défense de la petite Constitution» selon les partages des pouvoirs adoptés après les élections du 23 octobre. Ce texte accuse le Dialogue national d’être un «putsch contre la légitimité»! Rien que ça!
Le nouveau bloc en constitution rassemblera à ce qu’il paraît plus de 40 membres de l’ANC et donc il pourra au moins bloquer les discussions et fera traîner les travaux de manière à ne pas respecter les dates de la feuille de route du quartet.
Mais du côté de l’opposition des remous font aussi craindre le pire. En effet, dès la première séance en présence des membres de l’ANC qui se sont retirés depuis juillet, nous avons assisté à la dislocation du Bloc démocratique présidé par Mohamed Hamdi, président de l’Alliance Démocratique. Les députés d’Al Joumhouri, d’El Massar, d’Afak Tounes et des indépendants et apparentés au Bloc Démocratique l’ont officiellement quitté!
Les observateurs pointent du doigt les positions de l’Alliance Démocratique qui n’a jamais accepté l’appel à dissoudre l’ANC dès les débuts de la crise. Mais est-ce le moment de quitter le Bloc Démocratique tandis que toutes ses composantes participent au Dialogue national?
Les pourfendeurs du Dialogue national, surtout ceux proches de la présidence du gouvernement, tablent sur ce genre de cabale pour retarder les travaux du processus constitutionnel sans lequel le processus gouvernemental tombera à l’eau… Et, devinez qui est le gagnant?