à New York (Photo : Emmanuel Dunand) |
[01/11/2013 14:21:20] Kiev (AFP) L’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé vendredi la note de solvabilité de l’Ukraine, mettant en doute la capacité de l’ex-république soviétique, en récession depuis plus d’un an, à faire face à ses obligations financières.
La note des titres de dette publique du pays passe à “B-“, s’enfonçant dans la catégorie des investissements spéculatifs. Elle est assortie d’une perspective négative, S&P voyant au moins une chance sur trois qu’elle soit de nouveau abaissée d’ici un an.
“Il est de moins en moins probable que la stratégie du gouvernement permette de garantir suffisamment de devises étrangères pour faire face à ses besoins de financement extérieurs élevés”, explique l’agence américaine.
L’agence relève que les réserves de change de l’Ukraine ont chuté de 26% entre septembre 2012 et septembre 2013 et prévoit que la tendance va continuer. Cela complique le remboursement des crédits pris à l’étranger.
Ces réserves, auxquelles les autorités ont recours massivement pour soutenir la monnaie locale, la hryvnia, s’effondrant, l’agence juge de plus en plus probable une dévaluation, ce qui gonflerait sa dette extérieure.
Kiev a besoin par ailleurs de liquidités pour régler ses importations de gaz à la Russie, qui l’accuse de ne pas avoir payé une facture de 882 millions de dollars.
Cette annonce constitue une mauvaise nouvelle pour le pouvoir ukrainien dans une période de vives tensions avec son voisin russe, furieux de la volonté de Kiev de signer un accord d’association avec l’UE fin novembre.
Elle a été rendue publique au lendemain de la publication de statistiques officielles montrant que l’économie du pays avait subi entre juillet et septembre son cinquième trimestre de suite de contraction (-0,4% par rapport au deuxième trimestre).
Son endettement, encore relativement modeste, a explosé ces dernières années et S&P l’estime à 33,5% du PIB, contre moins de 10% avant la crise de 2008-2009
Le pays, en déficit budgétaire, réclame depuis des mois l’aide du Fonds monétaire international, qui lui avait accordé en 2010 un crédit de 15,3 milliards de dollars et n’en a débloqué pour l’instant que 3,4 milliards.
Mais le Fonds refuse de verser toute nouvelle tranche tant que le pays n’aura pas adopté de réformes impopulaire pour réduire son déficit, notamment en augmentant les prix du gaz à la population.
A l’issue d’une nouvelle mission infructueuse dans le pays, le FMI a constaté cette semaine que “les importants besoins en financement extérieur” constituaient “une vulnérabilité”, tout en relevant “des signes d’amélioration économique”.
Cependant, pour l’économiste Oleksandr Joloud, du Centre des Etudes politiques, “on ne peut pas attendre une amélioration à court terme”.
“Il y a peu d’espoir que des réformes impopulaires soient lancées dans une année préélectorale”, les élections présidentielles étant prévues en 2015, relève l’expert, interrogé à l’AFP. “Le seul espoir, c’est une amélioration de la conjoncture internationale”.
S&P relève en outre l'”incertitude” liée à la possible signature d’un accord d’association entre l’Ukraine et l’UE, que Bruxelles conditionne à la libération de l’opposante Ioulia Timochenko.
“Signer l’accord serait positif pour le commerce à long terme mais il pourrait y avoir des conséquences négatives à court et moyen termes liées à la réaction de la Russie”, a expliqué S&P, qui craint des “restrictions commerciales” de la part de Moscou.
La Russie, qui représente le quart des exportations ukrainiennes, a prévenu qu’en cas de création d’une zone de libre échange entre l’UE et Kiev, elle devrait renforcer ses contrôles à la frontière pour les marchandises importées.