«Le dossier de la justice transitionnelle est aussi important que le dénouement de la crise politique et économique en Tunisie et l’organisation d’élections libres et transparentes», a affirmé, vendredi, le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme en Tunisie, Dimiter Chalev. «Accentuée par un blocage institutionnel, la crise politique a relégué la justice transitionnelle à l’arrière-plan des priorités», a-t-il regretté lors d’une matinée de plaidoyer pour la justice transitionnelle en Tunisie.
Corroborant cette thèse, l’avocate en charge du dossier des martyrs et blessés de la révolution, Leila Hadded, a estimé que «la course au pourvoir a entravé le processus de la justice transitionnelle», critiquant, à cet égard, le pouvoir en place qui n’a pas réussi, jusqu’à présent, à donner une définition claire de la notion de justice transitionnelle, ni à en déterminer le mode de gestion». «Les institutions judiciaires sont, jusque-là, incapables de statuer sur le dossier des blessés et martyrs de la révolution, en l’absence d’éléments essentiels ignorés voire cachés par les enquêtes», a-t-elle ajouté.
Quant au président de l’Association «Justice et réhabilitation», Karim Abdessalem, il a mis l’accent sur la «responsabilité éthique» des hommes politiques qui, a-t-il reproché, n’ont pas réussi à se délier de leurs idéologies, ni des considérations partisanes et politiques, affirmant que la justice transitionnelle est, avant tout, un «devoir moral».
Organisée à l’initiative du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, cette rencontre a offert l’occasion de présenter le rapport relatif aux consultations nationales et le rapport de la commission d’enquête sur les abus et dépassements commis du 17 décembre 2010 jusqu’à la fin de son mandat.