Brésil : le déclin de “l’empire X” pétrolier de Eike Batista

dc26b826695ef47936b6cbb655b3f1f5bab97f29.jpg
à Beverly Hills en Californie (Photo : Frederic J. Brown)

[02/11/2013 10:07:05] Rio de Janeiro (AFP) La holding EBX du brésilien Eike Batista s’est écroulée comme un château de cartes sur les marchés, contraignant l’ex-flamboyant milliardaire à accélérer la vente d’actifs et la recherche d’investisseurs pour tenter de maintenir à flots son groupe minier et énergétique.

En trois ans, la valeur de EBX a dégringolé passant de 98 milliards de reais (43,5 milliards de dollars au change du jour) à moins de six milliards (3 mds USD).

Excentrique et superstitieux, M. Batista (57 ans) qui rêvait de “devenir l’homme le plus riche du monde” ajoutait toujours aux nouvelles entreprises qu’il créait au sein de son groupe EBX “la lettre X pour multiplier les bénéfices”.

Ses entreprises ont prospéré rapidement sur les marchés financiers dans un Brésil en pleine croissance grâce aux seules promesses de production de pétrole et à la confiance du gouvernement qui lui a octroyé un prêt de près de cinq milliards de dollars via la Banque nationale de développement économique et sociale (BNDES, publique). Les promesses ne se sont pas concrétisées et les investisseurs ont battu en retraite.

Spéculation pure

Le déclin de la holding EBX a commencé à la mi-2012, lorsque OGX –joyau pétrolier du groupe, fondé en 2007 – a fortement réduit ses objectifs de production pour le champ pétrolier de Tubarao Azul (sud-est).

En cessation de paiement, ployant sous une dette de 3,6 milliards de dollars due à ses seuls créanciers internationaux, OGX a demandé mercredi son placement en redressement judiciaire et doit maintenant présenter un plan de restructuration aux créanciers.

“OGX s’est bien vendue sans avoir un seul baril de pétrole. C’était de la spéculation pure. M. Batista rejette la faute sur le pétrole qui ne s’est pas confirmé dans les réserves, ce qui est ridicule. Mais, il ne faut pas oublier non plus que les investisseurs étaient qualifiés et connaissaient les risques encourus”, a déclaré à l’AFP l’expert Marcelo Pereira de TAG Investimentos.

“Avec le redressement judiciaire le premier pas a été donné. Maintenant ça va être une dispute entre grands requins: Eike Batista, la justice et les créanciers”, a jouté M. Pereira.

“La holding traverse un moment difficile et une crise de confiance qui peut égratigner l’image du pays”, a déploré quant à lui, Luis Gustavo Pereira du cabinet de consultants Corretora Futura.

Deux agences de notations, Moody’s et Fitch, ont abaissé jeudi la note d’OGX à la pire du classement dénommée informellement “ordure” dans le jargon des experts.

Jeudi aussi, l’action OGX a cessé d’être cotée au sein du principal indice de la Bourse de Sao Paulo, l’Ibovespa, qui réunit 73 titres de 67 grandes entreprises.

L’action OGX, même pas le prix d’un chewing-gum

Ce titre qui s’échangeait en 2010 à 23 reais a atteint jeudi son plus bas historique à 0,13 real, même pas le prix d’un chewing-gum, souligne la presse vendredi.

Vendredi, c’est la compagnie OSX, entreprise de construction navale liée à OGX, qui pourrait également faire une demande de placement en redressement judiciaire, selon un avis financier de l’entreprise.

M. Batista a commencé il y a un an à vendre des actifs pour tenter de maintenir à flot EBX. Il a dû se défaire de quelques uns de ses jouets comme un hélicoptère, trois jets privés, le traditionnel Hôtel Gloria à Rio qu’il modernisait en vue des Jeux Olympiques de 2016 et un yatch, le Pink Fleet, qui n’a pas trouvé acquéreur pour 19 millions de dollars et sera vendu à la ferraille.

L’ex-milliardaire a dû accélérer les ventes pour tenter de renflouer sa trésorerie au plus vite. Depuis une semaine, les annonces de cession d’actifs se multiplient.

Vendredi, la compagnie minière MMX a annoncé avoir conclu la vente de ses actifs au Chili à la chilienne Inversiones Cooper Mining.

Jeudi, OGX avait annoncé avoir conclu un accord pour vendre sa filiale OGX Maranahao (nord-est de Brésil) pour 90 M USD aux compagnies Eneva (ex-MPX, contrôlée actuellement par l’allemand E.ON) et Cambuhy Investissements.

La veille, M. Batista avait vendu à l’entreprise turque Yildirim Holding ses mines de charbon en Colombie pour 450 millions de dollars.

Personne ne s’aventure à énoncer un pronostic sur l’avenir du groupe : “Je ne suis pas très optimiste. C’était une bulle et la bulle a éclaté”, a affirmé l’expert Paulo Feldmann à la chaîne de TV Globo news.