La Coalition civile pour la défense de la liberté d’expression (CCPDLE) considère que la décision du chef du gouvernement relative à la nomination d’un nouveau PDG à la tête de l’entreprise publique de presse “SNIPE” est une nouvelle atteinte au droit des citoyens à une information publique libérée de l’hégémonie du pouvoir exécutif et du parti au pouvoir.
La Société nouvelle d’impression, de presse et d’édition (SNIPE) édite les quotidiens “La Presse” et “Essahafa”. Cette nomination a été effectuée de manière unilatérale et arbitraire, sans recourir à un mécanisme transparent à des critères de compétence, d’expérience et d’indépendance, en dehors de tout calcul politique, lit-on dans un communiqué de la CCPDLE, rendu public samedi.
La coalition demande purement et simplement l’annulation de cette nomination arbitraire à la tête de la SNIPE. Elle exprime, par ailleurs, sa profonde préoccupation face à la persistance du chef du gouvernement à nommer des personnes peu connues pour leur respect des critères de la profession et de la déontologie journalistiques, ou pour leur expérience en matière de bonne gouvernance, à la tête des médias publics qui, aujourd’hui plus que jamais, ont besoin de réforme pour se convertir en établissements de service public, à l’instar des pays démocratiques.
La CCPDLE rappelle que Mongi Gharbi, qui a été nommé par le chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh, à la tête de la SNIPE, était connu pour ses articles élogieux envers le président déchu, tout comme certains de ses prédécesseurs, nommés, en 2012, par l’ex-chef du gouvernement, Hamadi Jebali, à la tête d’entreprises publiques, tels que les établissements de la radio et de la télévision et le groupe de presse “Dar Essabah”.
Elle formule, également, l’espoir de voir le prochain gouvernement réviser toutes les nomination arbitraires effectuées par les gouvernements de la Troïka à la tête des médias publics. Et ce conformément aux recommandations contenues dans le rapport général de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC), notamment les conditions relatives au choix des directeurs des médias publics en fonction de dossiers de candidature reflétant la compétence, l’expérience et l’indépendance et comportant un projet de gestion de l’établissement public, après la déclaration de la vacance du poste et la publication des conditions de candidature.
Les journalistes, techniciens et administratifs de la SNIPE avaient refusé, jeudi dernier, toute nomination «parachutée ou impromptue», à la tête de leur établissement, considérant cette décision comme une tentative d’assujettir et de museler la presse pour servir des intérêts partisans.
Dans une motion issue d’une assemblée générale extraordinaire du syndicat de base, les employés de la SNIPE considèrent cette décision comme une confirmation de la politique de nominations partisanes dans tous les rouages de l’Etat, surtout qu’elle intervient après la promesse faite par le gouvernement de démissionner.
La coalition civile pour la défense de la liberté d’expression est composée de:
– La ligue tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme
– Le syndicat national des journalistes tunisiens
– Le Syndicat général de la culture et de l’information relevant de l’UGTT
– Le syndicat tunisien de la presse indépendante et de la presse des partis
– Le syndicat tunisien des radios libres
– L’association “Vigilance” pour la Démocratie et l’Etat civil
– Le centre de Tunis de la liberté de la presse.