A Calais, les jouets centenaires Meccano veulent dépoussiérer leur image

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ée à la marque de jeu de construction centenaire Meccano le 15 Février 2008 à Calais. (Photo : Philippe Huguen)

[07/11/2013 09:22:14] Calais (AFP) Un nouveau propriétaire canadien prêt à investir dans le marketing, une nouvelle gamme de jouets 100% “made in France” et un “laboratoire expérimental” à Calais (Pas-de-Calais): Meccano, entreprise centenaire de jeux de construction métalliques, entend donner un coup de jeune à son image.

Racheté en août dernier par le canadien Spin Master, spécialiste des figurines et des engins radiocommandés, Meccano – qui compte une centaine d’employés dans le monde dont 70 à Calais – espère conquérir le marché américain et gagner en “visibilité” avec des opérations publicitaires d’envergure.

“Les Canadiens nous apportent un grand soutien financier. Bientôt, nous bénéficierons de leurs moyens techniques et de leurs ateliers de prototypes”, résume Mattei Théodore, directeur de l’usine, lors d’une visite de presse.

“Le but de Spin Master est que le site (de Calais) fonctionne à 100% de ses capacités en termes de volume global à l’année”, ajoute Michaël Ingberg, ex-propriétaire de Meccano, désormais consultant.

En outre, des jouets avec “des nouvelles technologies, de nouveaux matériaux” pourraient être produits dans les années qui viennent à l’usine de Calais, d’où sort une petite moitié de la production mondiale de Meccano, le reste étant sous-traité en Chine, selon M. Ingberg.

Le Canadien, en retour, rachète une marque “historique”, “célèbre au Canada, beaucoup plus connue que n’importe laquelle de nos autres marques” comme Air Hogs ou Aquadoodle, concède Paul Draffin, responsable des opérations chez Spin Master.

Derrière les murs de brique de l’usine implantée à Calais depuis 1959, les feuilles d’acier sont percées puis découpées, polies, nettoyées, peintes de toutes les couleurs, triées, pesées, mises en sachets puis dans des boîtes. Quelque 4.000 à 6.000 d’entre elles sortent chaque jour de l’usine pour finir sur les étagères des magasins, à quelques semaines de Noël.

Inventés en 1898 à Liverpool

Automatisée depuis 2006, l’usine n’a besoin que de 22 ouvriers assistés de quelques personnes handicapées venues d’un Centre d’aide par le travail (CAT) voisin pour fabriquer ses emblématiques jouets, inventés par le Britannique Frank Hornby en 1898 à Liverpool et commercialisés sous la marque “Meccano” dès 1907.

“C’est une usine ancienne à l’esprit jeune”, sourit Bernard Fleuet, responsable recherche et développement, attablé derrière ses maquettes.

Cet hiver, l’entreprise lance une nouvelle gamme baptisée “Evolution”, estampillée “Made in France” car fabriquée intégralement à Calais: des jouets plus chers et à la technologie plus avancée.

“C’est plus réaliste, plus simple à assembler. Ca s’adresse à des gamins plus joueurs. On espère que ça va dépoussiérer (l’image de Meccano), montrer notre côté moderne”, souligne M. Théodore.

Selon le directeur de l’usine, les ventes de Meccano ont plongé dans les années 2000 en raison de la concurrence des jeux vidéo mais elles se sont, depuis, stabilisées. “Là, ça remonte avec les filles qui s’y mettent de plus en plus, c’est dans l’air du temps”, note-t-il.

En 2012, le chiffre d’affaires de Meccano s’est établi à 40 millions d’euros.

A quelques kilomètres de là, dans le centre de Calais, la société vient d’inaugurer un “laboratoire expérimental” dont l’entrée est, pour le moment, gratuite.

“C’est un centre pédagogique et ludique, une façon pour les gens de tester les nouveautés pour Meccano”, explique Stéphane Lecarrié, responsable du service événementiel de la ville de Calais.

Dans un décor coloré et épuré, des ateliers libres ou encadrés pour enfants et adultes y côtoient des expositions sur l’histoire de la marque et d’impressionnantes maquettes, la Sagrada Familia de Barcelone ou la fusée rouge et blanche de Tintin.

“C’est une façon pour Meccano de garder une image qui ne soit pas poussiéreuse. La culture ancienne des collectionneurs reste présente, mais il faut aussi se tourner vers l’avenir”, conclut M. Lecarrié, qui aimerait voir “les écoles d’ingénieurs utiliser Meccano dans le domaine de la robotique”.